mercredi 29 octobre 2008

Barack Obama : l'intégral de son message publicitaire de 30 minutes

Ce soir, juste avant le début des finales des Séries mondiales de Baseball, Barack Obama a diffusé sur sept réseaux de télévision américains une publicité hautement ambitieuse (intitulée American Stories, American Solutions), qui demeure à l'heure actuelle un des spots publicitaires le plus long et le plus dispendieux de l'histoire politique américaine :





La position d'Obama y est très habilement mise en perspective. Il y est présenté comme étant à l'écoute des besoins de ces concitoyens. Plusieurs passages hauts en émotion, ayant pour effet d'aller toucher la fibre sentimentale des Américains, y sont intégrés. La réalisation, assurée par Davis Guggenheim, réalisateur du documentaire An inconvenient truth — le film d'Al Gore— y est superbe et met bien en valeur le message d'Obama. Bref, pour toutes ces raisons, je crois que cette publicité audacieuse s'avéra être payante politiquement pour Obama, et fera peut-être la différence dans l'isoloir le 4 novembre prochain. Elle en a la capacité, c’est le moins qu’on puisse dire.

Sarkozy, le Québec et la Francophonie : la trahison

Publié le 19 octobre sur Criticus le blog.

***


Je m'étais inquiété, à la veille du second tour de l'élection présidentielle, de la sincérité de l'attachement de Nicolas Sarkozy à la langue française : celui qui allait être élu président de la République avait alors appelé, dans Le Figaro, à « une francophonie vivante et populaire », formule dénuée de sens et donc sujette à caution. Depuis, et ce malgré l'inscription dans la Constitution, lors de la révision de juillet dernier, du titre XIV intitulé « De la francophonie », et de l'article 87 stipulant que « la République participe au développement de la solidarité et de la coopération entre les États et les peuples ayant le français en partage », ma méfiance, ma défiance demeuraient.

La majorité présidentielle n'a-t-elle pas ratifié le protocole de Londres sur les brevets ? Le ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, n'a-t-elle pas affirmé en février dernier, au mépris de l'évidence, qu'il existe en France un « tabou de l'anglais », alors que, comme je l'écrivais à l'époque, « les murs des rames et stations de métro, à Paris comme en province, sont tapissés de publicités pour l'institut de formation Wall Street Institute » ? Le ministre de l'Économie et des Finances, Christine Lagarde, ne rédige et ne fait-elle pas rédiger ses notes en anglais avec ses collaborateurs, à Bercy, comme le révélait le Canard enchaîné ?

Indifférence et ingérence... contre la souveraineté

Autant de questions réactualisées par les déclarations de Nicolas Sarkozy à Québec, dans le cadre du Sommet Canada-Union européenne et du Sommet de la Francophonie, lequel a été en majeure partie snobé par le chef de l'État, comme l'avaient été les commémorations pour les 400 ans de la fondation de Québec par Samuel de Champlain. Maniant comme à son habitude le sophisme avec habileté, il a lancé, aux côtés d'un Stephen Harper ravi : « Franchement, s’il y a quelqu’un qui vient me dire que le monde a aujourd’hui besoin d’une division supplémentaire, c’est qu’on n’a pas la même lecture du monde ». En clair : reniant ainsi le « Vive le Québec libre ! » du général de Gaulle, Nicolas Sarkozy a rompu aussi avec la doctrine du « ni ingérence, ni indifférence » qui prévalait dans l'attitude du Quai d'Orsay à l'égard de la Belle Province depuis ce 24 juillet 1967 de glorieuse mémoire.

On peut reprocher à cette formule son ambiguïté, comme tous les « ni, ni » érigés en principes de gouvernement par François Mitterrand puis son héritier Jacques Chirac.

Mais elle garantit au moins que la France ne restera pas étrangère au sort du Québec. Elle n'exclut pas non plus, formellement, un soutien à la cause souverainiste.

Nécessaire soutien
Car le statut précaire du Québec en Amérique du Nord (quelque six millions de francophones isolés parmi plus de trois cent millions d'anglophones), érodé par la fin, depuis la « Révolution tranquille » des années 1960, de la « revanche des berceaux », laquelle avait permis aux Québécois de résister démographiquement aux Canadiens anglophones, justifie que la France, qui a une responsabilité historique vis-à-vis des Canadiens français qu'elle avait abandonnés à leur sort (la reddition aux Anglais), use du chantage à l'indépendance pour garantir la subsistance d'une communauté francophone au Canada, après l'acculturation des Cajuns de Louisiane.

Les Français ne s'offusquent pas - peut-être aussi parce qu'ils ne sont pas au courant - que l'Allemagne appuie les revendications identitaires des germanophones d'Europe centrale et orientale, utilisant même les institutions européennes communautaires (Union européenne) et intergouvernementales (Conseil de l'Europe) à cet effet, comme le révélait l'excellent livre de Pierre Hillard (j'interviewerai très prochainement cet historien, ici-même).

Pourquoi, dès lors, devrait-on condamner le soutien de la France aux souverainistes québécois ? Soutien qui vise moins à obtenir l'indépendance de la Belle Province - ce sont les Québécois qui trancheront, comme ils l'ont fait, négativement, en 1980 et 1995 - qu'à les aider dans le bras de fer avec Ottawa, qui n'a jamais vraiment cessé.

Sarkozy a eu beau décrire les Canadiens (sous-entendu : anglophones) comme des « amis » et les Québécois comme des « frères », ce qui, d'ailleurs, n'est absolument pas incompatible avec la souveraineté du Québec, de telles déclarations ne peuvent que sonner comme un casus belli à l'égard des souverainistes du Parti québécois (PQ), en mauvaise posture depuis les élections provinciales de mars 2007.

Sarkozy... malgré tout

Et, malgré ses protestations peu convaincantes, il est permis de penser, en raison de tout ce qui a été dit précédemment, que la Francophonie n'est pas une préoccupation de Sarkozy. Alors, pourquoi avoir voté pour lui, les 22 avril et 6 mai 2007, alors que son adversaire du second tour, Ségolène Royal, avait laissé entendre en janvier 2007 qu'elle était favorable à la souveraineté du Québec ? D'abord, et même si cette déclaration m'avait fait brièvement hésiter à voter pour elle , je suis assez sceptique sur sa sincérité : elle doit avant tout être interprétée comme un soutien au PQ, social-démocrate, aux élections provinciales.

Ensuite, et cela me permet de conclure ce billet sur une note moins partisane, la conduite des affaires de l'État ne se réduit pas à la défense de la langue française.

Roman Bernard

mardi 28 octobre 2008

De l'inégalité raciale en Amérique?


««All men are created equal»: cette phrase célèbre figure dans l’acte de fondation de la première démocratie moderne de notre planète; elle a été écrite en 1776 par Thomas Jefferson, père de la Constitution américaine et futur président des États-Unis. Depuis la déclaration d’indépendance, cette affirmation n’a rien perdu de son effet de programme visionnaire.»* La quête de l’égalité - à comprendre aux États-Unis comme étant l’égalité des chances dans la recherche du bonheur - a été une force motrice de plusieurs mouvements d’émancipation tout au cours de l’histoire des États-Unis. Ainsi, c’est au nom de l’égalité que le Mouvement des droits civiques a milité en faveur de l’abolition de la ségrégation raciale, que les femmes ont luttés pour obtenir le droit de vote et luttent toujours pour obtenir l’équité salariale et que les gais et lesbiennes luttent toujours pour qu’on leurs reconnaissent des droits égaux à ceux des hétérosexuels, pour ne nommer que ceux-là. À cet égard, on peut dire que l’égalité est un des idéaux animant les Pères fondateurs et auxquels croient encore les Américains, puisque ces derniers se plaisent à affirmer, qu’étant donné que les États-Unis sont une terre de liberté et de prospérité, que tous, moyennant du temps et de sérieux efforts, peuvent prétendre atteindre l’idéal du « rêve américain ». Cependant, la réalité est beaucoup moins étincelante que ces derniers se plaisent à le dire. Globalement, on peut dire que la société américaine est plutôt inégalitaire, si l’on se fit à au coefficient GINI des États-Unis (0.408 ) - où 0 signifie l'égalité parfaite et 1 signifie l'inégalité totale -, qui classe ce pays au 52e rang sur 125 pour l’inégalité que l’on y retrouve dans la distribution des revenus, où bien à l’IDH, qui classe les États-Unis au 12e rang des pays industrialisés avec un résultat de 0,951 . Toutefois, on peut affirmer que l’exemple des populations afro et hispano américaines illustre éloquemment que certains citoyens, c’est-à-dire les WASP, sont plus égaux que d’autres.

D’abord, le taux de pauvreté chez ces deux minorités ethniques aux États-Unis s’avère être un indicateur de l’inégalité des revenus entre ces derniers et le reste de la population américaine. En effet, en 2004 24,7 % des Afro-Américains et 21,9 % des Hispano-américains vivaient sous le seuil de la pauvreté comparativement à 8,3 % des blancs qui se retrouvaient dans la même situation qu’eux. Le taux de pauvreté, bien qu’il ne soit à lui seul pas représentatif de l’inégalité dont sont victime les minorités ethniques aux États-Unis, démontre hors de tout doute que ces dernières ne se sont pas bien intégrées économiquement à la société américaine. De plus, certains indicateurs comme le taux de chômage, qui en novembre 2005, était de 10 % chez les Noirs contre 4,3 % chez les blancs, selon un rapport du département du Travail américain, tendent à appuyer la thèse de la faible intégration économique des minorités ethniques américaines.

Ensuite, le concept du profilage racial, qui réfère à « toute action prise par une ou des personnes en situation d’autorité à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, pour des raisons de sûreté, de sécurité ou de protection du public, qui repose sur des facteurs d’appartenance réelle ou présumée, telle la race, sans motif réel ou soupçon raisonnable, et qui a pour effet d’exposer la personne à un examen ou à un traitement différent. »*, action prise par une ou des personnes en situation d’autorité à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, pour des raisons de sûreté, de sécurité ou de protection du public, qui repose sur des facteurs d’appartenance réelle ou présumée, telle la race, sans motif réel ou soupçon raisonnable, et qui a pour effet d’exposer la personne à un examen ou à un traitement différent, est un élément venant confirmer le traitement inégal des minorités aux États-Unis. Par exemple, en 1997 malgré le que les Noirs représentaient seulement 7 % de la population américaine, ils faisaient néanmoins l’objet de 38 % des arrestations pour attaque à main armée et de 59 % des arrestations pour vol. Même en tenant compte de la distorsion induite par la tendance probable des policiers à procéder plus facilement à une arrestation lorsque le suspect est identifié comme Noir, la disproportion demeure considérable, ce qui s’avère être un indicateur très substantiel permettant d’affirmer que la population afro-américaine n’est pas égale au reste des Américains aux yeux de la loi. À cela s’ajoute les disparités raciales prédominantes lorsqu’il vient le de traiter du taux d’incarcération et de fixer la durée des peines aux États-Unis. En effet, 37 % des prisonniers aux États-Unis sont des hommes noirs, alors qu'ils ne représentent que 7 % de la population du pays. Au total, près de six prisonniers sur dix sont noirs ou hispaniques. De plus, selon la National Urban League, la durée moyenne des peines de prison imposées à des Noirs est de six mois plus longue que celles imposées à des blancs à crime égal. Cela illustre, encore une fois, à quel point les minorités aux États-Unis sont désavantagées par rapport à l’ensemble de la population, ce qui est loin de conforter le statut de l’Amérique au chapitre de l’égalité sociale.

Par ailleurs, en plus de toutes les données quantifiables témoignant des inégalités auxquelles les populations afro et hispano américaines sont exposées, il y a toutes les données qualitatives ne pouvant être rapportées sous forme de statistiques. Ainsi, la ghettoïsation des Noirs et des Hispaniques dans certains quartiers pauvres des grands centres américains, par exemple Harlem à New York ou le South Central à Los Angeles, ou la discrimination dont sont victime ces groupes, sans être des phénomènes majoritaires, témoignent de l’isolement dont ils sont victime. De surcroît, est-il permis de voir certaines formes d’inégalités dans le fait que plus de 80 000 noirs américains meurent chaque année faute d'assurance santé et que la mortalité des noirs d'une quarantaine d'années est deux fois plus importante que celle du même groupe d'âge chez les blancs? Après accumulation de plusieurs faits évocateurs, il appert que oui.

Bref, malgré le succès de certains membres des populations afro et hispano américaines dans diverses sphères de la société, par exemple Condoleezza Rice, David Paterson, Tiger Wood, Sidney Poitier, Gabriela Mistral, etc., on peut dire qu’une majorité d’entre eux ne bénéficient pas de chances égales, par rapport au reste de la population, dans leur quête du bonheur. On peut donc affirmer, à l’égard de l’exercice auquel nous nous sommes livrés, que l’égalité américaine relève plutôt du mythe que de la réalité, surtout lorsqu’il s’agit de celle des minorités ethniques composant la population américaine.

Marc-Olivier Cyr

mercredi 22 octobre 2008

Le soldat

***
“The correct answer is, he [Obama] is not a Muslim, he's a Christian. He's always been a Christian. But the really right answer is, what if he is? Is there something wrong with being a Muslim in this country? The answer's no, that's not America » - Colin Powell
***

Cette photo met en scène la pierre tombale d’un soldat américain musulman mort au combat en Irak. L’ancien secrétaire d'État Colin Powell l'a mentionné lors de son apparition à Meet the press dimanche dernier, au moment où il a officiellement accordé son appui au candidat démocrate pour les élections présidentielles (voir post Barack Obama reçoit l’appui de Colin Powell du 19 octobre).

J’ai bien aimé le commentaire du Général Powell. « Y a-t-il quelque chose de mal à être musulman dans ce pays? »; cette question pourrait aussi bien se poser au Canada (quoique dans une autre mesure peut-être) et même dans tout l’Occident. Peut-être même cette question, en apparence anodine, éveille-t-elle le sens réel que peut inspirer cette photographie : un sérieux coup porté au stéréotype ambiant d’une communauté musulmane isolée à l’intérieur même de nos sociétés, qui ne se mêle pas et ne se considère pas comme une partie intégrante de celles-ci. On raille et on s’insurge contre les quelques individus (souvent isolés) qui se font remarquer de la mauvaise manière, mais quand prend-t-on le temps d’apprécier les gens qui se sont intégrés de façon harmonieuse à nos peuples? Bien que l'on puisse être critique de la politique étrangère et de la société américaines, de l'institution militaire américaine ou encore du bien-fondé de la guerre en Irak, il reste que ce jeune musulman a donné sa vie au service de son pays.

Mon opinion n’a rien de très nouveau, mais puisse l’exemple de ce jeune américain convaincre les individus trop souvent portés à la généralisation hâtive et facile.
***

Pour plus d’informations sur le soldat Kareem R. Khan : http://thelede.blogs.nytimes.com/2008/10/19/more-on-the-soldier-kareem-r-khan/

Sébastien Lalonde

Le facteur al-Qaeda!


À quelques jours des élections présidentielles américaines, un billet publié sur le site Web al-Hesbah, affilié au réseau terroriste al-Qaeda, pourrait bien être un signe précurseur d'une «surprise d'octobre», qui théoriquement bénéficierait à John McCain, plus calé qu'Obama, aux yeux des Américains, pour tout ce qui touche la guerre au terrorisme. Voici donc un extrait de ce billet:

«al-Qaeda doit soutenir McCain dans la prochaine élection afin qu’il poursuive la marche d’échec de son prédécesseur, Bush. Si al-Qaeda lance une grande opération contre les intérêts américains, cet acte sera un soutien apporté à McCain parce que cela incitera les Américains à voter pour McCain afin qu’il se venge d’al-Qaeda; al-Qaeda pourra alors clamer sa victoire dans sa quête pour ruiner l’Amérique.»

Si l'on se fie à ce dernier, il est dans le domaine du possible qu'al-Qaeda tente un coup de force contre des positions américaines en Amérique ou à l'étranger pour tenter de faire dévier le débat de la question économique, où la campagne de John McCain a elle-même avoué que si l'élection portait sur un enjeu comme l'économie, leur candidat allait perdre. Alors, gageons que si une telle opportunité est offerte à McCain, il n'hésitera pas à saisir la perche qui sera en meilleure posture pour le projeter vers la Maison-Blanche. Aux yeux d'al-Qaeda, McCain se révèle être le candidat le plus susceptible d'entrenir leur vision d'une confrontation Islam-Occident, et donc de jeter de l'huile sur le feu de l'intégrisme. Bref, l’organisation d’Oussama ben Laden a hautement intérêt de voir élu, au lendemain du 4 novembre, un dirigeant qui poursuivra la chasse aux sorcières antiterroriste lancée par Bush, ce qui justifiera la raison d'être d'al-Qaeda comme « groupe de pression » animé par l'idée d'influencer l'opinion publique arabe en vue de promouvoir de leurs intérêts. Dans cette perspective, même al-Qaeda n'échappe pas à la théorie des organisations...

Personnellement, je suis septique face au fait que dans le contexte de la publication de ce billet par al-Qaeda, un potentiel attentat terroriste bénéficie automatiquement à John McCain. En effet, en dévoilant sa stratégie, - ce qui n'était visiblement l'objectif de cette organisation puisque le site al-Hesbah, où fut publié aujourd'hui ce message, est accessible uniquement avec un mot de passe - al-Qaeda donne par la même occasion de sérieuses munitions à Barack Obama, qui aura la possibilité de dévoiler aux Américains le dessein de cette organisation face au dénouement des présidentielles américaines, advenant d'éventuels actes terroristes. Donc, je suis d'avis qu'un « october surprise» est beaucoup moins susceptible de bénéficier aux républicains, comme cela avait été le cas en 2004, puisqu'al-Qaeda a cette fois, peut-être malgré elle, dévoilé ses cartes avant la fin du jeu...

Marc-Olivier Cyr

mardi 21 octobre 2008

Julie Couillard, hein...

Pour ceux qui, comme moi, trouvaient que Julie Couillard s'exprimait comme une jument, hein. Alors, vous allez être servi par l'extrait précédent, hein. Il s'agit d'un montage réalisé à partir de l'entrevue qu'elle a accordée à l'émission Tout le monde en parle, hein. Et c'est vraiment très hilarant, hein...

Marc-Olivier Cyr

Who’s Nailin’ Paylin?



Après avoir été fait l'objet de parodies de la part de l'équipe de SNL, Sarah Palin peut désormais se vanter être le sujet principal d'une autre sorte de parodie, cette fois-ci un peu plus épicée, à savoir un film porno intitulé Who’s Nailin’ Paylin? Dans l'extrait précédent, qui présente la première minute du film, on peut voir Sarah Palin Lookalike accueillir deux Russes de façon très chaleureuse, ce qui fait changement du traditionnel livreur de pizza. Dans cette première scène, tout le monde est habillé, mais il est évident que la suite sera plus olé olé.

Je trouve cet extrait particulièrement intéressant, surtout pour un film porno, puisqu'il véhicule un message ironique à souhait. Sans blague, il s'agit d'un joli clin d’oeil à la déclaration insipide de Palin qui disait voir la Russie de chez elle en Alaska, ce qui selon elle lui donnait une certaine qualification pour prétendre pouvoir orchestrer les relations extérieurs des États-Unis. Comme quoi même un film porno peut véhiculer un message engagé... Vlan dans les dents des néoconservateurs, qui pensent que la porno est une oeuvre de Satan...

Marc-Olivier Cyr

dimanche 19 octobre 2008

La nation française est-elle morte?

Publié le 14 octobre sur Criticus le blog.

***

Voici le premier article issu d'un partenariat entre Sens Critique et Criticus le blogue. Au fils des semaines, nous publierons réciproquement des billets parus sur nos blogues, le tout pour offrir une couverture la plus complète possible de l'actualité politique international. Ce partenariat apportera donc une touche européenne à ce blogue, et Sens Critique ajoutera une touche nord-américaine à Criticus. Espérons que cela saura vous plaire...

***

J'ai renoncé à regarder le match France-Tunisie ce soir. Comme je le redoutais, la Marseillaise a été copieusement sifflée par une large partie du public du Stade de France, situé, faut-il le rappeler, à proximité de la Basilique royale de Saint-Denis où gisent plusieurs dizaines de rois de France. Cet événement serait anecdotique s'il n'était pas récurrent. Cela s'était produit en 2001 lors du France-Algérie (4-1 pour la France) de triste mémoire, interrompu après l'invasion de la pelouse par des « Algériens » qui étaient en fait, à n'en pas douter, français.

Marie-George Buffet, ministre communiste de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement de « Gauche plurielle » de Lionel Jospin, avait tenté de ramener les « jeunes » à la raison. Son échec prouvait bien, comme le ferait plus tard l'agression de manifestants anti-CPE par d'autres « jeunes », qu'il ne suffit pas de « dialoguer » pour être aimé, encore moins pour être respecté. Mais la leçon n'a jamais porté...

En 2002, lors de la finale de la coupe de France Bastia-Lorient (remportée 1-0 par les Morbihanais), les supporters corses avaient également sifflé l'hymne national, ce qui avait conduit Jacques Chirac à quitter le Stade de France... avant d'y revenir, image assez fidèle de la fausse fermeté de la France à l'égard de ses ennemis déclarés.

Puis, l'an dernier, à ma grande surprise et ma non moins grande consternation, le même scénario, encore, s'est reproduit, pour France-Maroc, alors que le contentieux entre le Royaume chérifien et son ancienne puissance coloniale n'est pas exactement le même qu'avec l'Algérie. Ni le Maroc, ni la Tunisie, n'ont été colonisés au sens strict.

Le match s'était conclu sur un résultat nul (2-2), et si le public, acquis à la cause du Maroc, semblait redouter la victoire française qui se dessinait au cours de la rencontre, il s'était félicité de l'égalisation in extremis des Marocains.

Je m'étais ému des sifflets, car je croyais encore, naïvement, non seulement au bien-fondé, mais encore à l'effectivité, du modèle « jacobin », assimilationniste, d'intégration français. Si je reste persuadé de la supériorité de ce modèle sur le multiculturalisme britannique, le « pilarisme » néerlandais ou le communautarisme nord-américain, je ne suis plus autant convaincu de sa réalité.

Car ce que prouvent ces charivaris, ce n'est pas, ne nous méprenons pas ici, la haine de la France par le Maroc et la Tunisie, même si les protectorats imposés par le passé à ces deux pays y sont à l'origine d'un réel - et relativement logique - ressentiment.

Lorsque les Bleus sont allés gagner le Tournoi Hassan II au Maroc, à chaque fois juste avant les campagnes victorieuses du Mondial 1998 et de l'Euro 2000, l'équipe de France, son hymne, n'avaient pas été sifflés par le public marocain, « sportif ».


Délitement du sentiment national et échec de l'intégration

Ce que ces lazzis et ces huées démontrent, c'est donc que la France n'assimile plus, non seulement les nouveaux venus, mais aussi, et c'est évidemment plus grave, leurs enfants. Qu'on ne me fasse pas de procès en angélisme, mais je pense que les fautifs en sont, en premier lieu, les Français eux-mêmes, qui ont laissé se déliter le sentiment national. Ce n'est pas la faute des immigrés s'il est devenu honteux d'arborer le drapeau tricolore, d'entonner la Marseillaise, ou, attitude qui a davantage ma faveur, de se dire fier de la France, de sa langue et de sa culture.

Et il serait inconséquent de ne pas faire le lien entre ces événements parasportifs et les émeutes de 2005, qui avaient signifié au monde entier l'échec de l'intégration à la française, alors que la France en avait longtemps tiré une fierté certaine.

Car, n'en déplaise à Emmanuel Todd, qui avait pourtant appelé à la « renaissance de l'idée de nation », notamment dans L'Illusion économique, ces émeutes n'empruntaient pas à la geste révolutionnaire de la Fronde, de 1789, 1830, 1848 et 1871. Elles n'étaient pas des preuves d'intégration, mais au contraire de rejet.

Et, fussent-elles menées par des individus de nationalité française, ceux-ci ne se définissent pas, à l'évidence, comme tels, puisque « Français », ou plutôt « céfran », est devenu une insulte dans certains pans de la population. La nationalité française est pourtant, dans la longue tradition théorisée par Ernest Renan (1882, Qu'est-ce qu'une nation ?), une nationalité « civique », c'est-à-dire subjective. Est français celui qui se définit comme tel. Ni la naissance sur le sol français, ni le fait d'avoir des parents français, ne confère selon cette conception la nationalité.

Il faut donc en finir avec cette véritable absurdité française qui combine droit du sol - toute personne née sur le territoire français est française - et droit du sang - toute personne d'ascendance directe française l'est aussi. Il conviendrait ainsi, comme le proposait, entre autres, Ivan Rioufol dans son pamphlet, La Fracture identitaire, dont j'avais écrit l'an dernier la longue mais assez complète recension, de revenir au jus voluntatis, c'est-à-dire à l'obtention de la nationalité au mérite, principe qui avait été retenu un temps par la Révolution française de 1789.

Cela reviendrait à cesser de ne pas voir qu'il est possible de posséder des papiers français et de ne pas être français, un état de fait qui peut tout aussi bien concerner des Français dits « de souche » puisque, nous l'avons dit, le rejet de la nation est avant tout le fait des Français eux-mêmes. Leur exemple a juste été imité.

Cette mise en perspective doit donc nous faire prendre conscience de la gravité de la situation : il n'est pas anodin que l'hymne de la France soit outragé, conspué.

Non pas, comme certains doivent le craindre ou feindre de le croire, parce que cela serait de mise à donner des arguments supplémentaires à l'extrême-droite. Le 21 avril, certes, n'est pas loin. Mais la violence du Front national est - et reste - verbale.

Mais parce que, lorsque cet effacement de la nation entre en résonance avec les menées de leaders religieux obscurantistes, le retour des guerres de religion n'est pas loin.

La question est à présent de savoir si la France, et toutes les nations occidentales confrontées au même problème, se sont préparées à l'éventualité de tels conflits. La réponse, négative, prouve à mon sens la pertinence - et l'urgence - d'une réponse coordonnée au niveau occidental, qui aurait des implications dans tous les domaines concernés : immigration, intégration, éducation, urbanisme, sécurité, laïcité, etc.


Roman Bernard