mercredi 29 octobre 2008

Barack Obama : l'intégral de son message publicitaire de 30 minutes

Ce soir, juste avant le début des finales des Séries mondiales de Baseball, Barack Obama a diffusé sur sept réseaux de télévision américains une publicité hautement ambitieuse (intitulée American Stories, American Solutions), qui demeure à l'heure actuelle un des spots publicitaires le plus long et le plus dispendieux de l'histoire politique américaine :





La position d'Obama y est très habilement mise en perspective. Il y est présenté comme étant à l'écoute des besoins de ces concitoyens. Plusieurs passages hauts en émotion, ayant pour effet d'aller toucher la fibre sentimentale des Américains, y sont intégrés. La réalisation, assurée par Davis Guggenheim, réalisateur du documentaire An inconvenient truth — le film d'Al Gore— y est superbe et met bien en valeur le message d'Obama. Bref, pour toutes ces raisons, je crois que cette publicité audacieuse s'avéra être payante politiquement pour Obama, et fera peut-être la différence dans l'isoloir le 4 novembre prochain. Elle en a la capacité, c’est le moins qu’on puisse dire.

Sarkozy, le Québec et la Francophonie : la trahison

Publié le 19 octobre sur Criticus le blog.

***


Je m'étais inquiété, à la veille du second tour de l'élection présidentielle, de la sincérité de l'attachement de Nicolas Sarkozy à la langue française : celui qui allait être élu président de la République avait alors appelé, dans Le Figaro, à « une francophonie vivante et populaire », formule dénuée de sens et donc sujette à caution. Depuis, et ce malgré l'inscription dans la Constitution, lors de la révision de juillet dernier, du titre XIV intitulé « De la francophonie », et de l'article 87 stipulant que « la République participe au développement de la solidarité et de la coopération entre les États et les peuples ayant le français en partage », ma méfiance, ma défiance demeuraient.

La majorité présidentielle n'a-t-elle pas ratifié le protocole de Londres sur les brevets ? Le ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, n'a-t-elle pas affirmé en février dernier, au mépris de l'évidence, qu'il existe en France un « tabou de l'anglais », alors que, comme je l'écrivais à l'époque, « les murs des rames et stations de métro, à Paris comme en province, sont tapissés de publicités pour l'institut de formation Wall Street Institute » ? Le ministre de l'Économie et des Finances, Christine Lagarde, ne rédige et ne fait-elle pas rédiger ses notes en anglais avec ses collaborateurs, à Bercy, comme le révélait le Canard enchaîné ?

Indifférence et ingérence... contre la souveraineté

Autant de questions réactualisées par les déclarations de Nicolas Sarkozy à Québec, dans le cadre du Sommet Canada-Union européenne et du Sommet de la Francophonie, lequel a été en majeure partie snobé par le chef de l'État, comme l'avaient été les commémorations pour les 400 ans de la fondation de Québec par Samuel de Champlain. Maniant comme à son habitude le sophisme avec habileté, il a lancé, aux côtés d'un Stephen Harper ravi : « Franchement, s’il y a quelqu’un qui vient me dire que le monde a aujourd’hui besoin d’une division supplémentaire, c’est qu’on n’a pas la même lecture du monde ». En clair : reniant ainsi le « Vive le Québec libre ! » du général de Gaulle, Nicolas Sarkozy a rompu aussi avec la doctrine du « ni ingérence, ni indifférence » qui prévalait dans l'attitude du Quai d'Orsay à l'égard de la Belle Province depuis ce 24 juillet 1967 de glorieuse mémoire.

On peut reprocher à cette formule son ambiguïté, comme tous les « ni, ni » érigés en principes de gouvernement par François Mitterrand puis son héritier Jacques Chirac.

Mais elle garantit au moins que la France ne restera pas étrangère au sort du Québec. Elle n'exclut pas non plus, formellement, un soutien à la cause souverainiste.

Nécessaire soutien
Car le statut précaire du Québec en Amérique du Nord (quelque six millions de francophones isolés parmi plus de trois cent millions d'anglophones), érodé par la fin, depuis la « Révolution tranquille » des années 1960, de la « revanche des berceaux », laquelle avait permis aux Québécois de résister démographiquement aux Canadiens anglophones, justifie que la France, qui a une responsabilité historique vis-à-vis des Canadiens français qu'elle avait abandonnés à leur sort (la reddition aux Anglais), use du chantage à l'indépendance pour garantir la subsistance d'une communauté francophone au Canada, après l'acculturation des Cajuns de Louisiane.

Les Français ne s'offusquent pas - peut-être aussi parce qu'ils ne sont pas au courant - que l'Allemagne appuie les revendications identitaires des germanophones d'Europe centrale et orientale, utilisant même les institutions européennes communautaires (Union européenne) et intergouvernementales (Conseil de l'Europe) à cet effet, comme le révélait l'excellent livre de Pierre Hillard (j'interviewerai très prochainement cet historien, ici-même).

Pourquoi, dès lors, devrait-on condamner le soutien de la France aux souverainistes québécois ? Soutien qui vise moins à obtenir l'indépendance de la Belle Province - ce sont les Québécois qui trancheront, comme ils l'ont fait, négativement, en 1980 et 1995 - qu'à les aider dans le bras de fer avec Ottawa, qui n'a jamais vraiment cessé.

Sarkozy a eu beau décrire les Canadiens (sous-entendu : anglophones) comme des « amis » et les Québécois comme des « frères », ce qui, d'ailleurs, n'est absolument pas incompatible avec la souveraineté du Québec, de telles déclarations ne peuvent que sonner comme un casus belli à l'égard des souverainistes du Parti québécois (PQ), en mauvaise posture depuis les élections provinciales de mars 2007.

Sarkozy... malgré tout

Et, malgré ses protestations peu convaincantes, il est permis de penser, en raison de tout ce qui a été dit précédemment, que la Francophonie n'est pas une préoccupation de Sarkozy. Alors, pourquoi avoir voté pour lui, les 22 avril et 6 mai 2007, alors que son adversaire du second tour, Ségolène Royal, avait laissé entendre en janvier 2007 qu'elle était favorable à la souveraineté du Québec ? D'abord, et même si cette déclaration m'avait fait brièvement hésiter à voter pour elle , je suis assez sceptique sur sa sincérité : elle doit avant tout être interprétée comme un soutien au PQ, social-démocrate, aux élections provinciales.

Ensuite, et cela me permet de conclure ce billet sur une note moins partisane, la conduite des affaires de l'État ne se réduit pas à la défense de la langue française.

Roman Bernard

mardi 28 octobre 2008

De l'inégalité raciale en Amérique?


««All men are created equal»: cette phrase célèbre figure dans l’acte de fondation de la première démocratie moderne de notre planète; elle a été écrite en 1776 par Thomas Jefferson, père de la Constitution américaine et futur président des États-Unis. Depuis la déclaration d’indépendance, cette affirmation n’a rien perdu de son effet de programme visionnaire.»* La quête de l’égalité - à comprendre aux États-Unis comme étant l’égalité des chances dans la recherche du bonheur - a été une force motrice de plusieurs mouvements d’émancipation tout au cours de l’histoire des États-Unis. Ainsi, c’est au nom de l’égalité que le Mouvement des droits civiques a milité en faveur de l’abolition de la ségrégation raciale, que les femmes ont luttés pour obtenir le droit de vote et luttent toujours pour obtenir l’équité salariale et que les gais et lesbiennes luttent toujours pour qu’on leurs reconnaissent des droits égaux à ceux des hétérosexuels, pour ne nommer que ceux-là. À cet égard, on peut dire que l’égalité est un des idéaux animant les Pères fondateurs et auxquels croient encore les Américains, puisque ces derniers se plaisent à affirmer, qu’étant donné que les États-Unis sont une terre de liberté et de prospérité, que tous, moyennant du temps et de sérieux efforts, peuvent prétendre atteindre l’idéal du « rêve américain ». Cependant, la réalité est beaucoup moins étincelante que ces derniers se plaisent à le dire. Globalement, on peut dire que la société américaine est plutôt inégalitaire, si l’on se fit à au coefficient GINI des États-Unis (0.408 ) - où 0 signifie l'égalité parfaite et 1 signifie l'inégalité totale -, qui classe ce pays au 52e rang sur 125 pour l’inégalité que l’on y retrouve dans la distribution des revenus, où bien à l’IDH, qui classe les États-Unis au 12e rang des pays industrialisés avec un résultat de 0,951 . Toutefois, on peut affirmer que l’exemple des populations afro et hispano américaines illustre éloquemment que certains citoyens, c’est-à-dire les WASP, sont plus égaux que d’autres.

D’abord, le taux de pauvreté chez ces deux minorités ethniques aux États-Unis s’avère être un indicateur de l’inégalité des revenus entre ces derniers et le reste de la population américaine. En effet, en 2004 24,7 % des Afro-Américains et 21,9 % des Hispano-américains vivaient sous le seuil de la pauvreté comparativement à 8,3 % des blancs qui se retrouvaient dans la même situation qu’eux. Le taux de pauvreté, bien qu’il ne soit à lui seul pas représentatif de l’inégalité dont sont victime les minorités ethniques aux États-Unis, démontre hors de tout doute que ces dernières ne se sont pas bien intégrées économiquement à la société américaine. De plus, certains indicateurs comme le taux de chômage, qui en novembre 2005, était de 10 % chez les Noirs contre 4,3 % chez les blancs, selon un rapport du département du Travail américain, tendent à appuyer la thèse de la faible intégration économique des minorités ethniques américaines.

Ensuite, le concept du profilage racial, qui réfère à « toute action prise par une ou des personnes en situation d’autorité à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, pour des raisons de sûreté, de sécurité ou de protection du public, qui repose sur des facteurs d’appartenance réelle ou présumée, telle la race, sans motif réel ou soupçon raisonnable, et qui a pour effet d’exposer la personne à un examen ou à un traitement différent. »*, action prise par une ou des personnes en situation d’autorité à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, pour des raisons de sûreté, de sécurité ou de protection du public, qui repose sur des facteurs d’appartenance réelle ou présumée, telle la race, sans motif réel ou soupçon raisonnable, et qui a pour effet d’exposer la personne à un examen ou à un traitement différent, est un élément venant confirmer le traitement inégal des minorités aux États-Unis. Par exemple, en 1997 malgré le que les Noirs représentaient seulement 7 % de la population américaine, ils faisaient néanmoins l’objet de 38 % des arrestations pour attaque à main armée et de 59 % des arrestations pour vol. Même en tenant compte de la distorsion induite par la tendance probable des policiers à procéder plus facilement à une arrestation lorsque le suspect est identifié comme Noir, la disproportion demeure considérable, ce qui s’avère être un indicateur très substantiel permettant d’affirmer que la population afro-américaine n’est pas égale au reste des Américains aux yeux de la loi. À cela s’ajoute les disparités raciales prédominantes lorsqu’il vient le de traiter du taux d’incarcération et de fixer la durée des peines aux États-Unis. En effet, 37 % des prisonniers aux États-Unis sont des hommes noirs, alors qu'ils ne représentent que 7 % de la population du pays. Au total, près de six prisonniers sur dix sont noirs ou hispaniques. De plus, selon la National Urban League, la durée moyenne des peines de prison imposées à des Noirs est de six mois plus longue que celles imposées à des blancs à crime égal. Cela illustre, encore une fois, à quel point les minorités aux États-Unis sont désavantagées par rapport à l’ensemble de la population, ce qui est loin de conforter le statut de l’Amérique au chapitre de l’égalité sociale.

Par ailleurs, en plus de toutes les données quantifiables témoignant des inégalités auxquelles les populations afro et hispano américaines sont exposées, il y a toutes les données qualitatives ne pouvant être rapportées sous forme de statistiques. Ainsi, la ghettoïsation des Noirs et des Hispaniques dans certains quartiers pauvres des grands centres américains, par exemple Harlem à New York ou le South Central à Los Angeles, ou la discrimination dont sont victime ces groupes, sans être des phénomènes majoritaires, témoignent de l’isolement dont ils sont victime. De surcroît, est-il permis de voir certaines formes d’inégalités dans le fait que plus de 80 000 noirs américains meurent chaque année faute d'assurance santé et que la mortalité des noirs d'une quarantaine d'années est deux fois plus importante que celle du même groupe d'âge chez les blancs? Après accumulation de plusieurs faits évocateurs, il appert que oui.

Bref, malgré le succès de certains membres des populations afro et hispano américaines dans diverses sphères de la société, par exemple Condoleezza Rice, David Paterson, Tiger Wood, Sidney Poitier, Gabriela Mistral, etc., on peut dire qu’une majorité d’entre eux ne bénéficient pas de chances égales, par rapport au reste de la population, dans leur quête du bonheur. On peut donc affirmer, à l’égard de l’exercice auquel nous nous sommes livrés, que l’égalité américaine relève plutôt du mythe que de la réalité, surtout lorsqu’il s’agit de celle des minorités ethniques composant la population américaine.

Marc-Olivier Cyr

mercredi 22 octobre 2008

Le soldat

***
“The correct answer is, he [Obama] is not a Muslim, he's a Christian. He's always been a Christian. But the really right answer is, what if he is? Is there something wrong with being a Muslim in this country? The answer's no, that's not America » - Colin Powell
***

Cette photo met en scène la pierre tombale d’un soldat américain musulman mort au combat en Irak. L’ancien secrétaire d'État Colin Powell l'a mentionné lors de son apparition à Meet the press dimanche dernier, au moment où il a officiellement accordé son appui au candidat démocrate pour les élections présidentielles (voir post Barack Obama reçoit l’appui de Colin Powell du 19 octobre).

J’ai bien aimé le commentaire du Général Powell. « Y a-t-il quelque chose de mal à être musulman dans ce pays? »; cette question pourrait aussi bien se poser au Canada (quoique dans une autre mesure peut-être) et même dans tout l’Occident. Peut-être même cette question, en apparence anodine, éveille-t-elle le sens réel que peut inspirer cette photographie : un sérieux coup porté au stéréotype ambiant d’une communauté musulmane isolée à l’intérieur même de nos sociétés, qui ne se mêle pas et ne se considère pas comme une partie intégrante de celles-ci. On raille et on s’insurge contre les quelques individus (souvent isolés) qui se font remarquer de la mauvaise manière, mais quand prend-t-on le temps d’apprécier les gens qui se sont intégrés de façon harmonieuse à nos peuples? Bien que l'on puisse être critique de la politique étrangère et de la société américaines, de l'institution militaire américaine ou encore du bien-fondé de la guerre en Irak, il reste que ce jeune musulman a donné sa vie au service de son pays.

Mon opinion n’a rien de très nouveau, mais puisse l’exemple de ce jeune américain convaincre les individus trop souvent portés à la généralisation hâtive et facile.
***

Pour plus d’informations sur le soldat Kareem R. Khan : http://thelede.blogs.nytimes.com/2008/10/19/more-on-the-soldier-kareem-r-khan/

Sébastien Lalonde

Le facteur al-Qaeda!


À quelques jours des élections présidentielles américaines, un billet publié sur le site Web al-Hesbah, affilié au réseau terroriste al-Qaeda, pourrait bien être un signe précurseur d'une «surprise d'octobre», qui théoriquement bénéficierait à John McCain, plus calé qu'Obama, aux yeux des Américains, pour tout ce qui touche la guerre au terrorisme. Voici donc un extrait de ce billet:

«al-Qaeda doit soutenir McCain dans la prochaine élection afin qu’il poursuive la marche d’échec de son prédécesseur, Bush. Si al-Qaeda lance une grande opération contre les intérêts américains, cet acte sera un soutien apporté à McCain parce que cela incitera les Américains à voter pour McCain afin qu’il se venge d’al-Qaeda; al-Qaeda pourra alors clamer sa victoire dans sa quête pour ruiner l’Amérique.»

Si l'on se fie à ce dernier, il est dans le domaine du possible qu'al-Qaeda tente un coup de force contre des positions américaines en Amérique ou à l'étranger pour tenter de faire dévier le débat de la question économique, où la campagne de John McCain a elle-même avoué que si l'élection portait sur un enjeu comme l'économie, leur candidat allait perdre. Alors, gageons que si une telle opportunité est offerte à McCain, il n'hésitera pas à saisir la perche qui sera en meilleure posture pour le projeter vers la Maison-Blanche. Aux yeux d'al-Qaeda, McCain se révèle être le candidat le plus susceptible d'entrenir leur vision d'une confrontation Islam-Occident, et donc de jeter de l'huile sur le feu de l'intégrisme. Bref, l’organisation d’Oussama ben Laden a hautement intérêt de voir élu, au lendemain du 4 novembre, un dirigeant qui poursuivra la chasse aux sorcières antiterroriste lancée par Bush, ce qui justifiera la raison d'être d'al-Qaeda comme « groupe de pression » animé par l'idée d'influencer l'opinion publique arabe en vue de promouvoir de leurs intérêts. Dans cette perspective, même al-Qaeda n'échappe pas à la théorie des organisations...

Personnellement, je suis septique face au fait que dans le contexte de la publication de ce billet par al-Qaeda, un potentiel attentat terroriste bénéficie automatiquement à John McCain. En effet, en dévoilant sa stratégie, - ce qui n'était visiblement l'objectif de cette organisation puisque le site al-Hesbah, où fut publié aujourd'hui ce message, est accessible uniquement avec un mot de passe - al-Qaeda donne par la même occasion de sérieuses munitions à Barack Obama, qui aura la possibilité de dévoiler aux Américains le dessein de cette organisation face au dénouement des présidentielles américaines, advenant d'éventuels actes terroristes. Donc, je suis d'avis qu'un « october surprise» est beaucoup moins susceptible de bénéficier aux républicains, comme cela avait été le cas en 2004, puisqu'al-Qaeda a cette fois, peut-être malgré elle, dévoilé ses cartes avant la fin du jeu...

Marc-Olivier Cyr

mardi 21 octobre 2008

Julie Couillard, hein...

Pour ceux qui, comme moi, trouvaient que Julie Couillard s'exprimait comme une jument, hein. Alors, vous allez être servi par l'extrait précédent, hein. Il s'agit d'un montage réalisé à partir de l'entrevue qu'elle a accordée à l'émission Tout le monde en parle, hein. Et c'est vraiment très hilarant, hein...

Marc-Olivier Cyr

Who’s Nailin’ Paylin?



Après avoir été fait l'objet de parodies de la part de l'équipe de SNL, Sarah Palin peut désormais se vanter être le sujet principal d'une autre sorte de parodie, cette fois-ci un peu plus épicée, à savoir un film porno intitulé Who’s Nailin’ Paylin? Dans l'extrait précédent, qui présente la première minute du film, on peut voir Sarah Palin Lookalike accueillir deux Russes de façon très chaleureuse, ce qui fait changement du traditionnel livreur de pizza. Dans cette première scène, tout le monde est habillé, mais il est évident que la suite sera plus olé olé.

Je trouve cet extrait particulièrement intéressant, surtout pour un film porno, puisqu'il véhicule un message ironique à souhait. Sans blague, il s'agit d'un joli clin d’oeil à la déclaration insipide de Palin qui disait voir la Russie de chez elle en Alaska, ce qui selon elle lui donnait une certaine qualification pour prétendre pouvoir orchestrer les relations extérieurs des États-Unis. Comme quoi même un film porno peut véhiculer un message engagé... Vlan dans les dents des néoconservateurs, qui pensent que la porno est une oeuvre de Satan...

Marc-Olivier Cyr

dimanche 19 octobre 2008

La nation française est-elle morte?

Publié le 14 octobre sur Criticus le blog.

***

Voici le premier article issu d'un partenariat entre Sens Critique et Criticus le blogue. Au fils des semaines, nous publierons réciproquement des billets parus sur nos blogues, le tout pour offrir une couverture la plus complète possible de l'actualité politique international. Ce partenariat apportera donc une touche européenne à ce blogue, et Sens Critique ajoutera une touche nord-américaine à Criticus. Espérons que cela saura vous plaire...

***

J'ai renoncé à regarder le match France-Tunisie ce soir. Comme je le redoutais, la Marseillaise a été copieusement sifflée par une large partie du public du Stade de France, situé, faut-il le rappeler, à proximité de la Basilique royale de Saint-Denis où gisent plusieurs dizaines de rois de France. Cet événement serait anecdotique s'il n'était pas récurrent. Cela s'était produit en 2001 lors du France-Algérie (4-1 pour la France) de triste mémoire, interrompu après l'invasion de la pelouse par des « Algériens » qui étaient en fait, à n'en pas douter, français.

Marie-George Buffet, ministre communiste de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement de « Gauche plurielle » de Lionel Jospin, avait tenté de ramener les « jeunes » à la raison. Son échec prouvait bien, comme le ferait plus tard l'agression de manifestants anti-CPE par d'autres « jeunes », qu'il ne suffit pas de « dialoguer » pour être aimé, encore moins pour être respecté. Mais la leçon n'a jamais porté...

En 2002, lors de la finale de la coupe de France Bastia-Lorient (remportée 1-0 par les Morbihanais), les supporters corses avaient également sifflé l'hymne national, ce qui avait conduit Jacques Chirac à quitter le Stade de France... avant d'y revenir, image assez fidèle de la fausse fermeté de la France à l'égard de ses ennemis déclarés.

Puis, l'an dernier, à ma grande surprise et ma non moins grande consternation, le même scénario, encore, s'est reproduit, pour France-Maroc, alors que le contentieux entre le Royaume chérifien et son ancienne puissance coloniale n'est pas exactement le même qu'avec l'Algérie. Ni le Maroc, ni la Tunisie, n'ont été colonisés au sens strict.

Le match s'était conclu sur un résultat nul (2-2), et si le public, acquis à la cause du Maroc, semblait redouter la victoire française qui se dessinait au cours de la rencontre, il s'était félicité de l'égalisation in extremis des Marocains.

Je m'étais ému des sifflets, car je croyais encore, naïvement, non seulement au bien-fondé, mais encore à l'effectivité, du modèle « jacobin », assimilationniste, d'intégration français. Si je reste persuadé de la supériorité de ce modèle sur le multiculturalisme britannique, le « pilarisme » néerlandais ou le communautarisme nord-américain, je ne suis plus autant convaincu de sa réalité.

Car ce que prouvent ces charivaris, ce n'est pas, ne nous méprenons pas ici, la haine de la France par le Maroc et la Tunisie, même si les protectorats imposés par le passé à ces deux pays y sont à l'origine d'un réel - et relativement logique - ressentiment.

Lorsque les Bleus sont allés gagner le Tournoi Hassan II au Maroc, à chaque fois juste avant les campagnes victorieuses du Mondial 1998 et de l'Euro 2000, l'équipe de France, son hymne, n'avaient pas été sifflés par le public marocain, « sportif ».


Délitement du sentiment national et échec de l'intégration

Ce que ces lazzis et ces huées démontrent, c'est donc que la France n'assimile plus, non seulement les nouveaux venus, mais aussi, et c'est évidemment plus grave, leurs enfants. Qu'on ne me fasse pas de procès en angélisme, mais je pense que les fautifs en sont, en premier lieu, les Français eux-mêmes, qui ont laissé se déliter le sentiment national. Ce n'est pas la faute des immigrés s'il est devenu honteux d'arborer le drapeau tricolore, d'entonner la Marseillaise, ou, attitude qui a davantage ma faveur, de se dire fier de la France, de sa langue et de sa culture.

Et il serait inconséquent de ne pas faire le lien entre ces événements parasportifs et les émeutes de 2005, qui avaient signifié au monde entier l'échec de l'intégration à la française, alors que la France en avait longtemps tiré une fierté certaine.

Car, n'en déplaise à Emmanuel Todd, qui avait pourtant appelé à la « renaissance de l'idée de nation », notamment dans L'Illusion économique, ces émeutes n'empruntaient pas à la geste révolutionnaire de la Fronde, de 1789, 1830, 1848 et 1871. Elles n'étaient pas des preuves d'intégration, mais au contraire de rejet.

Et, fussent-elles menées par des individus de nationalité française, ceux-ci ne se définissent pas, à l'évidence, comme tels, puisque « Français », ou plutôt « céfran », est devenu une insulte dans certains pans de la population. La nationalité française est pourtant, dans la longue tradition théorisée par Ernest Renan (1882, Qu'est-ce qu'une nation ?), une nationalité « civique », c'est-à-dire subjective. Est français celui qui se définit comme tel. Ni la naissance sur le sol français, ni le fait d'avoir des parents français, ne confère selon cette conception la nationalité.

Il faut donc en finir avec cette véritable absurdité française qui combine droit du sol - toute personne née sur le territoire français est française - et droit du sang - toute personne d'ascendance directe française l'est aussi. Il conviendrait ainsi, comme le proposait, entre autres, Ivan Rioufol dans son pamphlet, La Fracture identitaire, dont j'avais écrit l'an dernier la longue mais assez complète recension, de revenir au jus voluntatis, c'est-à-dire à l'obtention de la nationalité au mérite, principe qui avait été retenu un temps par la Révolution française de 1789.

Cela reviendrait à cesser de ne pas voir qu'il est possible de posséder des papiers français et de ne pas être français, un état de fait qui peut tout aussi bien concerner des Français dits « de souche » puisque, nous l'avons dit, le rejet de la nation est avant tout le fait des Français eux-mêmes. Leur exemple a juste été imité.

Cette mise en perspective doit donc nous faire prendre conscience de la gravité de la situation : il n'est pas anodin que l'hymne de la France soit outragé, conspué.

Non pas, comme certains doivent le craindre ou feindre de le croire, parce que cela serait de mise à donner des arguments supplémentaires à l'extrême-droite. Le 21 avril, certes, n'est pas loin. Mais la violence du Front national est - et reste - verbale.

Mais parce que, lorsque cet effacement de la nation entre en résonance avec les menées de leaders religieux obscurantistes, le retour des guerres de religion n'est pas loin.

La question est à présent de savoir si la France, et toutes les nations occidentales confrontées au même problème, se sont préparées à l'éventualité de tels conflits. La réponse, négative, prouve à mon sens la pertinence - et l'urgence - d'une réponse coordonnée au niveau occidental, qui aurait des implications dans tous les domaines concernés : immigration, intégration, éducation, urbanisme, sécurité, laïcité, etc.


Roman Bernard

Cours d'éthique et de culture religieuse : laïcité déraisonnable?


Depuis plusieurs mois déjà, on entend fréquemment parler du nouveau cours « Éthique et culture religieuse ». Controversé, ce cours a encore été à l’origine d’une manifestation cette fin de semaine à Montréal. Une foule d’environ 2000 personnes auraient investi les rues du centre-ville avec des pancartes portant entre autres les inscriptions « NON à la religion d’État » et « L’État dépasse son mandat » en exigeant la liberté d’inscrire ou non leurs enfants au cours en question.

Commençons par le commencement : la perfection n’est pas de ce monde et il y a surement beaucoup à reprocher à un cours portant sur un sujet aussi sensible que la religion. Toutefois, voyons l’argumentaire provenant de ce groupe de manifestants, du moins ce qui en est ressorti dans les médias. On reproche à ce cours de « mélanger » les enfants, de faire passer le domaine de la religion comme « un buffet où on choisit ce qui nous plaît le plus ». De ce que nous en savons, le cours est pourtant censé être donné de manière objective, sans prosélytisme, avec pour but de faire connaître les caractéristiques des diverses religions. Dans un Québec secoué il y a à peine un an par une simili-crise sur les accommodements raisonnables, crise exagérée par les médias et exacerbée par les stéréotypes et la non-connaissance des religions non chrétiennes, comment peut-on encore vouloir s’enfermer dans notre ignorance en matière religieuse? Qu’est-ce que ces individus qui étaient dehors au centre-ville ont de mieux à proposer? Dire aux enfants qu’ils n’existent qu’un Dieu, qu’une religion valable? Si c’est le cas, je crois qu’on peut clairement parler d’obscurantisme. L’école ne doit pas servir à conforter les étudiants dans leurs positions dogmatiques, mais bien les amener à développer leur jugement et à apprendre à s’en servir de manière autonome. L’étude de n’importe quel sujet nécessite la confrontation des différentes thèses, ou à tout le moins leur connaissance. Pourquoi devrait-il en être autrement pour la spiritualité? Si ces parents ont si peur que leurs enfants ne délaissent leur religion au contact d’autres formes de spiritualité, peut-être qu’ils devraient se questionner sur l’attractivité de celle-ci…

Mon deuxième point touche la relation individu-État. Il y en avait plusieurs, lors de cette manifestation, pour demander le retour de l’éducation religieuse (lire catholicisme et protestantisme) à l’école publique. Pardon? On manifeste contre ce qui serait supposément la nouvelle « religion d’État » (la laïcité), on dit que l’État dépasse son mandat lorsqu’il tente d’inculquer des connaissances religieuses élargies à la population, mais on voudrait revenir à un système d’éducation où on enseigne les fondements d’une religion dans une institution publique? Pourquoi ne pas engager des religieux pour donner les cours tant qu’à y être? Si les parents veulent inculquer des valeurs religieuses à leurs enfants, qu’ils le fassent, mais qu’ils le fassent de la même manière qu’ils souhaitent voir les autres groupes religieux faire leurs rituels, soit EN PRIVÉ. C’est aussi cela la démocratie : empêcher la tyrannie de la majorité sur les minorités.

Je le redis encore : le cours d’éthique et de culture religieuse a peut-être beaucoup de défauts; toutefois, avec les contextes sociétaux et mondiaux actuels, il est important de combattre l’obscurantisme et il est primordial que l’État continue de remplir son devoir premier : former des citoyens instruits et informés.

Sébastien Lalonde

Quel est l'avenir de la chefferie du PLC?


Dans l'attente d'une imminente démission du chef Libéral Stéphane Dion suite à la défaite historique du PLC, on peut se demander ce qui se passera dans ce parti qui n'a habituellement pas l'habitude de rester longtemps dans l'opposition. La situation du parti semble particulièrement précaire au niveau financier. On dit que ses coffres sont vides, le financement public diminuera encore plus pour les prochaines années dues au nombre médiocre de votes amassés lors de cette élection et une nouvelle course à la direction pourrait désagréger davantage les finances du parti. De plus, le parti aurait de la difficulté à attirer des candidats, l'aile Québec est à reconstruire, le NPD et le Parti vert lui ont grugé une part importante de votes et certains affirment que le parti traînerait toujours le spectre des Commandites, raison partielle de la perte de confiance d'une partie de son électorat.

Alors, quel est l'avenir pour le PLC? Pourrait-on voir le couronnement d'un nouveau chef? Cela semble très peu probable étant donné les nombreux prétendants officieux au titre. Michael Ignatieff et Bob Rae bien sûr, mais aussi d'autres déjà engagés lors de la dernière course comme Martha Hall-Findlay et Ken Dryden pour ne nommer que ceux-là ou encore un nouveau venu tel (gulp) Justin Trudeau. Cette situation peut donc nous porter à penser que les déchirements au sein du PLC sont loin d'être terminés...

Personnellement, j'opterais pour Michael Ignatieff. Bilingue, brillant intellectuel, expérimenté en matière de relations internationales, il semble de plus être « ouvert » au Québec (sauf erreur, il fut le premier, lors de la course à la chefferie, à parler de reconnaître la nation québécoise). Toutefois, serait-il vraiment un bon chef? Certains de ses faits et gestes peuvent laisser croire que malgré toute son intelligence, il ne soit pas nécessairement un grand tacticien politique ou encore un orateur très charismatique.

Qu'en pensez-vous? Qui prédisez-vous ou aimeriez-vous voir comme futur chef du PLC?


Sébastien Lalonde Miller

McCain répond à l'appui de Collin Powell à l'endroit de Barack Obama

John McCain a répondu ce matin sur les ondes de Fox News à l'appui que Collin Powell a donné hier à son adversaire Barack Obama. Dans l'extrait suivant John McCain ne se dit pas surpris d'un tel soutien, lui qui connait le général Powell depuis plus de 25 ans. Cependant, il se dit en profond désaccord avec lui lorsqu'il affirme qu'Obama est prêt à occuper le poste de président des États-Unis. Au détour, il ne manque pas de rappeler qu'il a quant à lui obtenu l'appui de 4 anciens secrétaires d'État, dont le plus controversé est certainement Henry Kissinger.

***

À lire également sur ce sujet, Le soldat et Barack Obama reçoit l'appui de Collin Powell

Marc-Olivier Cyr

Barack Obama reçoit l'appui de Collin Powell

Dans le cadre de l'émission Meet the press sur les ondes du réseau américain NBC, l'ancien secrétaire d'État et général à la retraite, Collin Powell, a donné son appui au candidat démocrate à la Maison-Blanche Barack Obama en invoquant la capacité qu'a ce dernier à électriser, à inspirer et à rassembler les Américains de tous les horizons politiques autour d'un idéal politique.

"Je pense que ce serait un président réformateur. C'est pour cela que je vais voter pour Barack Obama. [...] Sa victoire électriserait non seulement le pays, mais le monde entier."

Au détour, M. Powell a profité de l'occasion pour remettre en cause le jugement de John McCain en lui reprochant d'avoir pris une décision non éclairée en choisissant comme colistière Sarah Palin, une femme qu'il qualifie ne pas avoir l'expérience pour occuper le poste de Vice-Présidente, et ultimement de présidente dans le cas du décès de McCain. De plus, il ne manque pas de mentionner que John McCain ne semble pas certain de la manière dont il s'y prendra pour gérer la crise financière qui s'abat à l’heure actuelle sur les États-Unis.

À seize jours de l'élection présidentielle, il s'agit d'un appui fort important pour le clan Obama, puisque Collin Powell est un républicain fort respecté, notamment pour avoir eu l'intégrité - par son départ de l'administration américaine - de dénoncer l'intervention américaine en Irak, et un héros de guerre reconnu.

***

À lire également sur ce sujet, McCain répond à l'appui de Collin Powell à l'endroit de Barack Obama et Le soldat

Marc-Olivier Cyr

vendredi 17 octobre 2008

John McCain et Barack Obama à la soirée de bienfaisance de la fondation Al Smith : quand les rivalités se transforment en hilarité!



Comme le veut la tradition les deux candidats à la Maison-Blanche on prononcé hier devant le gratin de New York, réuni à l'occasion de la 63e soirée de bienfaisance de la fondation Al Smith, — du nom de l'ancien gouverneur de l'État de New York — une allocution à teneur humoristique. Ces derniers ont tous deux su faire rire à plus d'une occasion leur public. On a, entre autres, pu entendre Barack Obama avouer que son vrai nom était en réalité « Barack Steve Obama », et John McCain confier qu'il avait congédié l'ensemble de ses conseillers senior pour les remplacer par un certain « Joe le plombier ». Bref, ces adversaires ont su déposer les armes, l'instant d'une soirée, pour dévoiler leurs talents d'humoriste.


Marc-Olivier Cyr

jeudi 16 octobre 2008

La méconnaissance de l'adversaire : la meilleure stratégie des républicains!

Voici un reportage très intéressant réalisé par la chaîne d'information arabe Al Jazeera, démontrant comment les républicains misent sur la méconnaissance des Américains à l'endroit de Barack Obama pour se faire du capital politique. Peut-on y voir une stratégie du tonnerre ou une tentative désespérée de regagner du terrain dans les sondages? Se poser la question est y répondre...

Marc-Olivier Cyr

McPinguin Vs. Batman Obama : Le débat

L'expression " plus ça change plus c'est pareil " prend tout son sens lors du visionnement de ce clip mettant Batman Obama et John McPinguin. Le pingouin qui diabolise son adversaire… Batman en homme posé et rationnel… Vraiment, ce débat est exactement identique à celui que l'on a pu voir hier soir.

Marc-Olivier Cyr

mercredi 15 octobre 2008

Palin as president?


Pour celles et ceux qui se demandent à quoi pourrait ressembler la présidence de Sarah Palin dans l'éventualité où John McCain décéderait en cours de mandat, ce qui est fort probable compte tenu de son état de santé précaire — McCain souffre d'un mélanome.

Cliquez tout simplement ici, et promenez votre curseur sur les différents objets présents dans le Bureau ovale occupé par Sarah Palin, pour entendre ses répliques toutes, sauf intelligente.
Marc-Olivier Cyr

Élections 2008 : l'heure des bilans


Bilan électoral

38 jours et quelques 300 millions de dollars plus tard, on se retrouve, à quelques exceptions près, avec un paysage électoral quasi inchangé par rapport à celui prévalant avant la dissolution de la 39e législature. Le seul changement notable réside en un jeu de chaise entre les partis. En gros, le parti conservateur, le NPD et le Bloc québécois ont respectivement fait un gain de 16, 7 et 2 sièges, les libéraux en ont perdu 19. Toutefois, le fond demeure le même, c'est-à-dire qu'on se retrouve toujours, au lendemain de l'élection, avec le même gouvernement conservateur minoritaire. Pire encore, le Parlement se retrouve dans la même situation qu'au déclenchement des élections, toujours en proie à un blocage de l'agenda gouvernemental par les partis d'opposition, qui si l'on se rappelle était l'argument principal de Stephen Harper pour justifier des élections précipitées.


Globalement, je ne crois pas que l'on puisse dire qu'il y ait eu un parti qui ait su se démarquer plus qu'un autre au niveau des gains, mais il me paraît clair toutefois qu'une formation politique a été plus perdante qu'une autre. Certes, les conservateurs ont augmenté leur nombre de sièges, mais ils ont clairement perdu le pari fait en déclenchant les élections, à savoir former un gouvernement majoritaire. Certes, le NPD a effectué quelques gains, toutefois il n'a pas rencontré les objectifs qu'il s'était fixés en début d'élection, le Québec étant l'exemple le plus éloquent de cela, où le NPD avait évalué pouvoir aller chercher entre 6 et 12 sièges. Certes, le Bloc a réussi à garder le nombre de sa députation au dessus de la barre des 50 élus, toutefois son appui populaire à cette élection a régressé de 5 %. Toutefois, pour le parti libéral l'échec électoral est total, ce qui est paradoxal compte tenu de la bonne campagne mené par Stéphane Dion (qui en passant en a surpris plus d'une). Le PLC a perdu des plumes dans des comptés où autrefois il avait des assises solides, notamment dans les maritimes et en Ontario. Les libéraux ont subi une légère érosion de leur appui populaire, en ne récoltant que 27 % des voix. Ce n’est pas une baisse énorme par rapport aux 30,2 % obtenus en 2006, mais c’est le pire score de l’histoire de ce parti, avec celui de John Turner. Et finalement, le Parti libéral a connu son deuxième pire résultat électoral en terme de siège après celui en 1984, où quarante députés avaient été élus, alors qu'ils étaient 135 à la dissolution du Parlement - suite à l'élection d'hier le PLC s'est retrouvé avec 76 élus.

God bless Canada!!!

Je suis resté surpris d'entendre de la bouche de M. Harper le célèbre « God bless» américain en clôture de son discours de " victoire ". Je savais que M. Harper était, tout comme M. Bush, un évangéliste. Je savais aussi qu'il prononçait son discours à Calgary, en plein coeur d'une province faisant généralement figure de creuset du fondamentalisme religieux canadien. Mais, je ne m'attendais pas à ce que le premier ministre Harper, qui généralement ne laisse pas transparaître sa foi religieuse lors d'allocutions politiques, y aille avec une formule faisant tellement américaine. En ayant agi de la sorte, M. Harper donne de sérieux arguments aux autres chefs de partis — mais plus précisément à Gilles Duceppe — qui ne cessent de le comparer à son homologue américain.
Marc-Olivier Cyr

mardi 14 octobre 2008

Jour d'élections au Canada!!!




En ce jour d'élections, il me semble tout à fait approprié de vous faire part de réflexions entourant l'état du droit de vote ici et un peu partout sur le globe. Mon but ici n'est pas de faire la morale à celles et ceux qui décideront de ne pas aller voter, mais juste de rappeler que le droit de vote universel est loin d'être un acquis partout dans le monde et qu'au Canada il résulte d'un long processus de luttes politiques...


UN PEU D’HISTOIRE SUR LE DROIT DE VOTE AU CANADA…

• En 1867, lors des premières élections fédérales canadiennes, seuls les hommes peuvent alors voter, et encore, sous certaines conditions. Seuls ceux qui détiennent des titres de propriété peuvent le faire. On les appelle alors des « censitaires ». Les femmes, les autochtones, les membres de certaines confessions religieuses et les hommes ne détenant pas de titre de propriété n’ont aucunement accès à ce droit. Dans les premières années du pays, les personnes qui pouvaient voter étaient beaucoup moins nombreuses que celles qui ne le pouvaient pas.


• En 1918, les femmes obtiennent le droit de vote aux élections fédérales canadiennes. Ce n’est qu’en 1940 que les Québécoises obtiennent le droit de vote aux élections provinciales.

• L’exclusion de l’accessibilité au droit de vote fondée sur des critères raciaux et religieux a persisté sous une forme ou une autre jusqu’en 1960 au Canada.

• En 1970, l’âge minimum pour voter est abaissé de 21 ans à 18 ans.

• En 1985, « Toute personne restreinte dans sa liberté de mouvement ou privée de la gestion de ses biens pour cause de maladie mentale » obtient le droit de vote. Avant 1985, ce « privilège » leur était refusé.


LA « DÉMOCRATIE » DANS LE MONDE…


• BIRMANIE, 1988 : Les étudiants du Rangoon Institute of Technology organisent une grande protestation sur le campus. Ceux-ci demandent la démocratie ainsi qu’une amélioration de leurs conditions de vie. Ils revendiquent également le respect de leurs droits qui sont sans cesse bafoués. Résultat : la police militaire assassine un jeune étudiant activiste devant le bâtiment principal de l’Université. Cet événement marquant a un effet domino. Les manifestations (toujours pacifiques) d’août 1988 comptent des milliers de manifestants. Le 18 août, le général Ne Win, à la tête de la dictature militaire birmane, donne l’ordre aux militaires de tirer sur la foule. Au total, 3000 civils birmans seront tués.

• CHINE, 4 JUIN 1989 : Un mouvement d'étudiants, d'intellectuels et d'ouvriers chinois dénonce la corruption et demande des réformes politiques et démocratiques sur la place Tian’anmen en organisant des manifestations pacifiques et des grèves de la faim. Le gouvernement chinois, formé par le parti communiste chinois, envoie des soldats de la 27e et de la 28e armée à Pékin dans la nuit du 3 au 4 juin. Ils tirent à la mitraillette contre les personnes qui s’interposent sans arme. Les combats se poursuivent jusqu'à ce que l'armée atteigne la place, écrasant avec ses chars les manifestants restés sous les tentes. Selon la Croix rouge, sur les 50 000 manifestants pacifiques présents, de 2600 à 3000 d’entre eux ont été massacrés.


Bref, ici au Canada, nul besoin de risquer sa vie pour la démocratie, il suffit seulement de faire un simple crochet sur un bout de papier, et le tour est joué! Privilège que beaucoup de citoyens dans des pays en lutte pour l'instauration de la démocratie rêveraient d'avoir.

P.S. Tout ceci est assez paradoxal quand on y pense un peu. Ceux qui ne vivent pas dans un régime démocratique en rêvent, et ceux qui y vivent ne s'en préoccupent pas ( à en juger par le taux de participation aux élections qui décroit sans cesse)...
Marc-Olivier Cyr

W. (le film)



Vendredi paraîtra sur nos écrans le tout dernier film d'Oliver Stone, W. Ce film, s'inscrivant dans l'approche des films The Queen (2006) et Nixon (1995), s'annonce particulièrement intéressant si l'on se fit aux propos du réalisateur :

"I want a fair, true portrait of the man. How did Bush go from an alcoholic bum to the most powerful figure in the world? It's like Frank Capra territory on one hand, but I'll also cover the demons in his private life, his bouts with his dad and his conversion to Christianity, which explains a lot of where he is coming from. It includes his belief that God personally chose him to be president of the United States, and his coming into his own with the stunning, preemptive on Iraq. It will contain surprises for Bush supporters and his detractors."


Donc, théoriquement ce film ne devrait pas contribuer à glorifier la personne de Georges W. Bush. Cette position est confirmée par Cindy Adams du New York Post, qui ayant obtenu une ébauche du scénario, signait un article sur le sujet se terminant par le commentaire suivant : “Pro-Bushies will hate it, antis will love it”. Ce long-métrage est une suite logique de nombreuses biographies, dont Fortunate Son : George W. Bush and the Making of an American President de J.H. Hatfield, dépeignant le président américain comme un alcoolique notoire, un homme d'affaires minable et un niais. À ce chapitre, il est important de mentionner que le scénario du film est basé sur des faits réels et qu'il est le résultat de l'étude de 17 biographies ayant pour sujet Georges W. Bush

Étant un antiBush convaincu, je suis très curieux face à ce titre. Je trouve intéressant qu'une superproduction hollywoodienne ose s'attaquer à la présidence des États-Unis, une institution symbolique pour plusieurs Américains. Signe éloquent que ce pays se meurt pour le changement. Au chapitre au savoir, l'approche du film, consistant à dépeindre un Georges W. Bush sans envergure, peut nous aider à mieux comprendre le code opérationnel du président américain, dans la mesure où le vécu psychologique d'un individu détermine sa conception du monde, qui à son tour conditionne ses décisions. Et quand cette personne s'avère être l'un des leaders les plus puissants au monde, on s'entendra pour dire que ses convictions ont plus de poids dans la balance que celles de monsieur, madame Tout-le-monde…

Bref, si Oliver Stone, avec W., nous pond un film révisionniste à la hauteur de JFK (1991) ou de Nixon (1995), on peut s'attendre à ce que ce dernier ait plusieurs échos au sein de la société américaine, surtout en période électorale.

dimanche 12 octobre 2008

Les Forces canadiennes, une «armée de paix»?


Clément Sabourin de La Presse publiait aujourd'hui un papier intitulé Forces armées : le recrutement tourne à plein régime, dont un extrait particulièrement probant nous rappelait par le recours au sarcasme que l'armée du Canada n'en est plus une de paix :

« En dépit des 97 soldats canadiens tombés en Afghanistan jusqu'à présent, les recrues ne manquent pas. L'année dernière, les objectifs des Forces canadiennes ont été atteints à 97 %. Ils sont jeunes, ils ont souvent un parcours scolaire chaotique et ils viennent chercher dans les Forces canadiennes aventure et argent. Par témérité ou inconscience, ils n'ont pas peur des dangers qui les attendent, convaincus de se joindre à une “armée de paix”. »

Cet extrait, à priori anodin, m'est rentré dedans de plein fouet en me mettant devant le fait que le Canada n'était plus le pays pouvant prétendre au pacifisme sur la scène internationale. J'en étais conscient auparavant, mais jamais on ne m'avait confronté avec autant d'habileté et de sarcasme à cet état de fait. Une fois ce choc digéré, je me suis empressé d'aller sur le Web pour voir à combien se chiffrait les effectifs des Forces armées canadiennes affectées aux missions de maintien de la paix des Nations unies, puisqu'il s'agit d'un indicateur généralement admis pour mesurer l'engagement d'un pays envers la paix sur le globe. Laissez-moi vous dire que l'on est loin « du plus meilleur pays au monde » de Jean Chrétien, du moins à ce point de vue. En effet, le Canada en août 2008 contribuait aux missions de maintien de paix de l'ONU à hauteur de 168 âmes, dont seulement 20 aux casques bleus. On est loin des 10,574 effectifs civils et militaires prêtés par le Pakistan.

Cela dit, certains diront « Ouin, mais le Canada participe quand même activement à l'établissement de la paix en Afghanistan ». Je répondrais à ceux-ci avec la question suivante : peut-on espérer établir la paix en faisant la guerre? Évidemment, non! La guerre est l'antithèse de la paix, qui par définition signifie l'absence d'hostilité, alors il serait absurde de penser qu'en combattant en Afghanistan on contribue à établir une paix durable dans ce pays. Parce qu'il ne faut pas se le cacher, ce que le Canada fait en Afghanistan est la guerre et rien d'autre. La preuve la plus éloquente de cela est la modification par l'OTAN des règles d’engagement, faisant en sorte que les soldats sous le commandement du FIAS ( Force internationale d’assistance à la sécurité) peuvent maintenant ouvrir le feu lors d'opérations offensives où lors de tout autre situation jugée nécessaire. «Auparavant, un tel geste pouvait être posé en cas de légitime défense seulement, selon les règles d’engagement de 1956 : maintenant, on en a voté d’autres parce que, pratiquement, dans le sud il y a guerre.»*

Bref, bien que la neutralité du Canada sur la scène internationale s'avère être un mythe, étant donné que le Canada, comme tout autre pays sur la scène internationale, cherche à tirer son épingle du jeu et à satisfaire ses propres intérêts, on peut dire que par ses choix de défense et de sécurité très clairs et engagés, le Canada ne peut prétendre avoir une « armée de paix ». Et cette situation est d'autant plus vraie dans un contexte de désengagement du Canada des institutions de maintien de la paix onusiennes...

P.S. Bien qu'il soit réducteur de prétendre juger du caractère pacifique du Canada sur la scène internationale sur seulement deux questions, je crois que ma démarche est suffisante compte tenu de la forme de ce billet.

Le second débat présidentiel passé sous la loupe de SNL!

Voici la perception qu'a eu du second débat présidentiel l'équipe de Saturday Night Live... gare à vous ce clip est hilarant :

samedi 11 octobre 2008

Obama dépasse la barre des 50 points au niveau national


Malgré une semaine de forte offensive à l'endroit de Barack Obama, John McCain poursuit toujours sa descente aux enfers. En effet, "le sondage des sondages" publié sur Real Clear Politics donne aujourd'hui à Obama sa plus grande avance de la campagne, et confirme, par le fait même, une baisse significative pour McCain dans les intentions de vote. Le graphique suivant en témoigne :




La question subsistant est de savoir si John McCain sera capable de surmonter son retard de 10 points dans les sondages afin de terminer la course électorale au premier rang. À mon humble avis, tout va se jouer lors du dernier débat présidentiel de mercredi prochain, après cela il sera irrémédiablement trop tard pour que le duo McCain-Palin espère marquer des points. Et compte tenu, d'une part du charisme d'Obama, et d'autre part de sa capacité de tourner en son avantage les attaques de son adversaire politique, ceci ne s'avèrera pas être du gâteau pour McCain.

vendredi 10 octobre 2008

Toyota: laissez la voiture dans la cour...bullshit!!!






Suis-je le seul à m'insurger contre les entreprises, qui seulement pour bien paraître, se donnent une image verte? On dirait que pour les publicitaires tous les moyens inimaginables sont bons pour mettre la main dans nos poches, y compris de capitaliser sur la conscience environnementale des gens. À ce chapitre, l'exemple le plus probant est sans nul doute la nouvelle campagne publicitaire lancée par Toyota au Québec, dont les pubs apparaissent ci-dessus. Bon vous les avez regardés... Alors, permettez-moi un moment de relâchement, le temps d'une montée de lait...

C'est-tu pas assez stupide comme spot publicitaire. En gros, ils nous disent d'acheter une Toyota pour ensuite ne pas l'utiliser... Wow, ça relève vraiment du ridicule. J'imagine un gars aller chez Toyota pour acheter une voiture, s'il est comme tout le monde il ne la paye pas comptant évidemment, il s'endette, et là l'idée la plus brillante qu'il a en revenant chez lui est de "parker " son char neuf dans son entrée de cour et plus l'utiliser. Allo, ça ne fonctionne pas comme ça dans vraie vie... On s'entend-tu pour dire que le meilleur moyen de pas polluer avec une voiture, c'est de ne pas en avoir (en plus si c'est un V.U.S., comme dans la deuxième publicité). Évidemment, puisque c'est pas ben ben vendeur, que ça ne fait pas gonfler les chiffres d'affaires, que ça ne fait pas de gros dividendes aux actionnaires à la fin de l'année, Toyota n'en parle pas. Bref, tout cela revient à dire qu'en plus d'avoir l'environnement dans le cul (sauf si ça rapporte), Toyota prend le monde pour des caves en pondant des campagnes publicitaires sans queue ni tête... Bravo Toyota pour votre bullshit!!!

Sarah Palin dans la mer**!


La colistière de John McCain, Sarah Palin, est comme on dit en français dans la "merde". En effet, dès sa nomination la rumeur voulant qu'elle ait usé de son pouvoir pour faire licencier son beau-frère, alors membre des forces de l'ordre de l'Alaska, engagé dans une procédure de divorce avec la soeur de Mme. Palin, avait fait couler beaucoup d'encre. Eh bien, il ne s'agit plus d'une rumeur, mais d'un fait avéré si l'on se fit à la dépêche suivante publiée sur le site Web de Radio-Canada :


"Une enquête confirme que la colistière du candidat républicain John McCain, Sarah Palin, a abusé de ses pouvoirs à des fins personnelles en Alaska.

Ces données sont contenues dans un rapport de 263 pages déposé vendredi par le Conseil législatif de l'Alaska. Le rapport conclut que la gouverneure de l'Alaska a violé des règles éthiques de l'État, mais que ce faisant, elle n'a enfreint aucune loi.

L'enquêteur Steve Branchflower estime que Mme Palin a abusé de ses pouvoirs en exerçant des pressions sur des responsables de la sécurité publique de l'Alaska afin d'obtenir le licenciement d'un agent de police. L'agent en question se trouvait être l'ex-mari de la soeur de Mme Palin. Le couple était alors engagé dans un divorce houleux, particulièrement sur la question de la garde des enfants."*

Cette annonce ne pouvait arriver à un pire moment pour le clan McCain, qui se livre actuellement corps et âme à remettre en question l'intégrité de Barack Obama, notamment en l'accusant d'avoir soi-disant fricoté avec un terroriste domestique, en la personne de Bill Ayers. En effet, McCain constatant que sa campagne perdait de la vitesse a décidé de tenter le tout pour le tout en faisant des attaques personnelles contre Obama la pierre angulaire de sa stratégie. Or, une telle annonce donne hors de tout doute des munitions de taille à Obama pour se défendre. Ceci est on ne peut plus embarrassant pour Sarah Palin, étant donné que traditionnellement le rôle du colistier est d'agir comme un pitbull, attaquant l'adversaire en dessous de la ceinture. Privé de son intégrité, il sera très périlleux pour elle d'agir comme tel sans que le boomerang lui revienne en plein visage. Décidément, les dieux de la politique semblent s'abattre sur le clan McCain, qui n'arrive à supplanter Obama sur aucun tableau. J'ai hâte de voir comment John McCain va gérer cette crise. Peut-être va-t-il décider de tout simplement se débarrasser de sa colistière, qui jusqu'à présent s'est avéré être, la plupart du temps, un boulet qu'e le candidat républicain doit traîner?

Barack Obama répond aux attaques de McCain



Lors d'un discours à Portsmouth en Ohio, le candidat démocrate Barack Obama a profité de l'occasion pour dénoncer habilement et avec le charisme qu'on lui connait la stratégie électorale de John McCain, à savoir attaqué Obama en bas de la ceinture au lieu de traiter des vrais enjeux de cette élection, par exemple l'économie. Je cite un extrait particulièrement cinglant du discours d’Obama, à l'endroit de John McCain :

"John McCain's campaign announced last week that they don't want to talk about the economy. They said that they want turn the page on the discussion on the economy and spend final few week of this election, attacking me. His campaign said, and I quote this, if we keep talking about the economy we gonna lose."

Le sénateur Obama dans cette vidéo met le doigt en plein sur le bobo! John McCain incapable de marquer des points sur le terrain de l'économie, en proposant la même recette simpliste consistant en la déréglementation et en des baisses d'impôt pour les riches pour qu'ils puissent réinvestir dans l'économie, appliquée depuis la présidence Regan, et ayant démontrée sa désuétude en étant à la source de l'actuelle crise financière américaine, a décidé par manque de vision de s'attaquer personnellement à Obama pour ainsi espérer marquer des points. Cependant, il s'agit d'une stratégie risquée qui tend, la plupart du temps, à se retourner contre son auteur, surtout lorsque l'on sait que l'économie est l'enjeu prioritaire selon beaucoup d'Américains. Ainsi, le fait de mettre ce dossier économique de côté, jumelé avec la décision prise par McCain de mener une croisade personnelle contre Obama, n'est sans doute pas l'illustration la plus éloquente de leadership à laquelle on doit s'attendre d'un candidat à la Maison-Blanche, surtout en période d'incertitude. Parions que cette stratégie risque plus de nuire au clan McCain qu'autre chose, risquant ainsi de donner le coup de grâce à la campagne de John McCain, qui bât de l'aile depuis quelque temps...

P.S. Jo Becker et Don van Natta Jr du New York Times publiaient le 29 septembre dernier un papier intitulé McCain and Team Have Many Ties to Gambling Industry, dans lequel ils révélaient les relations qu'entretenait le candidat républicain au jeu. Cela ne surprendra vraiment personne, et explique beaucoup de choses sur le personnage et son comportement, en particulier pendant les dernières semaines où la chance ne l'a pas vraiment servi (ex: son coup de poker manqué sur le plan de sauvetage de Wall Street ne l'a vraiment pas servi). Il reste à savoir si la campagne de publicité négative menée à l'endroit d'Obama est un autre coup de poker. Et si oui, va-t-il s’avérer être manqué?

jeudi 9 octobre 2008

Mission canadienne en Afghanistan: un coût sous-estimé de 18,1 milliards de dollars!



«Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, vient de rendre public son rapport sur l'impact financier de la mission canadienne en Afghanistan.

Selon ce rapport, l'estimation totale des coûts marginaux à ce jour de la mission en Afghanistan, pour la période 2001-2002 à 2007-2008, atteint entre 7,7 milliards de dollars et 10,5 milliards de dollars.

M. Page précise également que le « coût total projeté de la mission, d'au plus 18,1 milliards pour la période 2001-2002 à 2010-2011, représente environ 1500 $ par foyer canadien ».

Mais, il estime que le montant pourrait être plus élevé, car il n'a pas tous les éléments en main pour tracer un portrait exact de la situation. Son estimation est basée sur des hypothèses et présuppose que le Canada maintient les mêmes effectifs de 2500 militaires en Afghanistan d'ici son retrait en 2011.»*

À titre de comparaison, 18,1 milliards de dollars c'est:


  • environ quatre fois plus que l'aide annuelle du Canada aux pays en développement (3,9 milliards en 2007);

  • plus que le PIB annuel de 105 États (sur un total de 229 selon The World Fact Book) sur le globe;

  • plus que le coût de l'engagement canadien durant la Seconde Guerre mondiale (durant les années de conflit) qui se chiffre à environ 11 milliards en dollars d'aujourd'hui.


Alors, la question se pose : Est-ce que cette guerre, par ce qu'il ne faut pas se le cacher il s'agit ici d'une guerre, justifie l'investissement de telles sommes? À priori, je répondrais qu'il s'agit d'une question de priorités. De priorité, oui, car les ressources du Canada étant limité, en comparaison à de grandes puissances comme les États-Unis, cela pose de faire des choix. Plus d'argent investi dans les forces armées et dans leurs diverses missions signifie moins d'argent pour l'aide bilatérale canadienne. Plus d'argent investi en Afghanistan signifie moins d'argent mis à la disposition des autres régions du monde, par exemple au Darfour. Bien que mon but ne soit pas de trancher ici sur cette question, il demeure que les Canadiens devront tôt ou tard le faire. À mon avis, cela doit se faire dans le cadre d'un vrai débat public et avec toute la transparence qu'il se doit, car pour pouvoir trancher raisonnablement sur une question on doit avoir en main toutes les informations s'y rattachant. À cet égard, on doit espérer que gouvernement conservateur, qui sera probablement élu le 14 octobre prochain, aura la décence d'être transparent. Si le passé est garant de l'avenir, laissez-moi être septique (à en juger par la difficulté que Kevin Page a eue à obtenir tous les renseignements nécessaires pour dresser un portrait financier réel de la situation)...


*Source Radio-Canada.ca

La bourse électorale?

Préoccupé par la volatilité des marchés financiers? Soucieux d'un échec éventuel du plan américain visant à résoudre la crise du crédit? Craintif de voir vos épargnes partir en fumée?

Ne vous inquiétez plus!

Il y a dorénavant une meilleure façon d'investir

En effet, InTrade.com vous offre la possibilité de spéculer sur toutes les sortes de questions d'actualité, notamment l'élection présidentielle américaine en cours. OK, si InTrade ne s'avère effectivement pas être la meilleure façon de se mettre à l'abri de la crise financière, ce système de transaction traduit la perception qu'a le marché de la politique. En 2004, par exemple, les mécanismes du marché à l'oeuvre sur InTrade avaient prédit le résultat électoral de l'ensemble des 50 États.

Alors, quelles sont les prédictions pour les élections de 2008? Jusqu'à présent les investisseurs d'InTrade prédisent une victoire écrasante pour Barack Obama. Les actions d'Obama se transigent à 76,3, tandis que celles de McCain se négocient à 23,5 (ce qui veut dire que le marché fixe respectivement à 76,3% et à 23,5% les chances qu'Obama et McCain d'emporté l'élection). Fait intéressant, la valeur des parts des républicains a perdu 4 points de leur valeur suite au débat de mardi dernier.

Aussi, sur InTrade, les investisseurs peuvent aussi se prononcer sur le résultat des élections État par État. À l'heure actuelle, ce marché prédit une victoire à Barack Obama dans 29 États totalisant 338 votes au Collège électoral (il en faut 270 accéder à la Maison-Blanche)...


Cela dit, au regard d'un tel système de spéculation, il est légitime de se questionner sur le caractère pernicieux de cette organisation. En effet, InTrade est le rejeton d'un système financier décadent où le spéculateur — c'est-à-dire une personne prête à accepter des risques calculés sur le marché dans le but d'en tirer un rendement intéressant. Habituellement, son objectif est de réaliser des gains en capital à court ou à moyen terme en se basant sur une anticipation de l'avenir — est roi. N'est-ce pas à cause des spéculateurs si les principaux indices boursiers sont dans le rouge depuis les dernières semaines, faisant ainsi disparaître en fumée des centaines de millions de dollars de capitalisation boursière? Bien que ne l'on ne puisse pas leur attribuer l'entière responsabilité de cette contraction boursière, les spéculateurs, qui au fil des années ont développé toute sorte de produits boursiers des plus tordus, ont certainement leur part de responsabilité dans les déboires boursiers actuels...

Francis Fukuyama : "la chute d'America, Inc."


Il y a a peine 16 ans, dans un de ces plus célèbre ouvrage intitulé "La Fin de l'Histoire et le dernier homme", Francis Fukuyama défendait l'idée que la progression de l'histoire humaine, envisagée comme un combat entre des idéologies, touche à sa fin avec le consensus sur la démocratie libérale qui tendrait à se former après la fin de la Guerre froide. Bref, il prédisait la fin de l'histoire avec un grand "H". Signe que ce ne sont que les fous qui ne changent pas d'avis, la semaine dernière Fukuyama a accouché, dans Newsweek, d'un texte fort intéressant proposant de faire l'apologie de la crise financière faisant rage aux États-Unis. Il en arrive grosso modo à la conclusion que l'effondrement de Wall Street marque définitivement la fin de la période Reagan...

"la chute d'America, Inc."

Implosion des plus anciennes banques d'investissement américaines, volatilisation de plus d'un trillion de dollars de valeurs boursières en un seul jour, addition de 700 milliards de dollars pour les contribuables américains : l'ampleur de la débâcle de Wall Street pourrait difficilement être pire. Et pourtant, alors même que les Américains se demandent pourquoi ils doivent débourser des sommes aussi astronomiques pour empêcher l'ensemble du système économique d'imploser, rares sont ceux qui s'interrogent sur les dégâts que cet effondrement financier est en train de causer à la "marque" Amérique.

Les idées constituent l'une de nos principales exportations, et deux idées fondamentalement américaines ont dominé la pensée mondiale depuis le début des années 1980 avec l'élection de Ronald Reagan à la présidence. La première est une certaine vision du capitalisme selon laquelle une faible imposition, une régulation minimale et un gouvernement réduit constitueraient les moteurs de la croissance économique, non seulement aux Etats-Unis mais dans le monde entier. La seconde était que faire de l'Amérique le champion de la démocratie libérale dans le monde tracerait le meilleur chemin vers un ordre international plus prospère et plus ouvert.

Il est difficile d'évaluer à quel point ces traits caractéristiques de la marque américaine sont aujourd'hui discrédités. Entre 2002 et 2007, alors que le monde bénéficiait d'une période de croissance économique sans précédent, il était aisé d'ignorer les socialistes européens et les populistes sud-américains qui dénonçaient dans le modèle économique américain un "capitalisme de cow-boy".

L'ÉCONOMIE AMÉRICAINE A DÉRAILLÉ

Mais voilà qu'aujourd'hui la locomotive de cette croissance, l'économie américaine, a déraillé, menaçant du même coup d'entraîner le reste du monde dans la catastrophe. Le pire, c'est que le coupable est le modèle américain lui-même : obsédé par le mantra de toujours moins de gouvernement, Washington a négligé de réguler de façon adéquate le secteur financier et l'a laissé causer un tort considérable au reste de la société.

Mais la démocratie était d'ores et déjà ternie. Alors même qu'il avait été prouvé que Saddam Hussein ne possédait aucune arme de destruction massive, l'administration Bush tenta de justifier la guerre en Irak en l'intégrant à son vaste "agenda de la liberté". Aux yeux de beaucoup de gens dans le monde, la rhétorique américaine sur la démocratie s'est mise à ressembler à une excuse visant à perpétuer l'hégémonie des Etats-Unis.

Le choix auquel nous sommes confrontés aujourd'hui va bien au-delà du plan de renflouement ou de la campagne présidentielle. La marque américaine est mise à rude épreuve au moment même où d'autres modèles – russe ou chinois – apparaissent comme de plus en plus attractifs. Rétablir notre réputation et restaurer l'attrait de notre marque représentent sous bien des aspects des défis tout aussi importants que la stabilisation du secteur financier.

Nous ne pourrons pas entreprendre cette tâche avant d'avoir clairement compris ce qui a cloché – en déterminant, parmi tous les aspects du modèle américain, lesquels sont sains, lesquels ont été appliqués de manière erronée, et lesquels doivent être purement et simplement abandonnés.

De nombreux commentateurs ont remarqué que l'effondrement de Wall Street marquait la fin de la période Reagan. Ils ont parfaitement raison. Le reaganisme était une politique juste pour son époque. Depuis le New Deal des années 1930, les gouvernements du monde entier n'avaient fait qu'étendre toujours plus leur emprise. Or, à partir des années 1970, les grands Etats et économies-providence ont étouffé sous la bureaucratie et gravement dysfonctionné. La révolution reagano-thatchérienne a facilité l'embauche et le licenciement des salariés, entraînant d'immenses douleurs, sur fond de diminution voire même de cessation d'activité des industries traditionnelles. Mais elle a également jeté les bases de près de trois décennies de croissance, et permis l'émergence de nouveaux secteurs, comme l'informatique et les biotechnologies.

Au plan international, la révolution reaganienne s'est traduite par le "consensus de Washington", en vertu duquel Washington et les institutions sous son influence (FMI et Banque mondiale) ont incité les pays émergents à ouvrir leurs économies. Régulièrement voué aux gémonies par des populistes comme le Vénézuélien Hugo Chavez, ce "consensus" a quand même réussi à amortir la crise de la dette sud-américaine du début des années 1980 et permis à la Chine et à l'Inde de devenir les puissances économiques qu'elles sont aujourd'hui.

LA CRISE FINANCIÈRE ASIATIQUE DE 1997-1998, PREMIÈRE ALERTE

Comme tout mouvement transformateur, la révolution reaganienne s'est dévoyée lorsqu'elle est devenue, pour beaucoup de ses partisans, une idéologie irrécusable, et non plus une réponse pragmatique aux excès de l'Etat-providence. Deux de ses concepts étaient sacro-saints : le premier affirmait que les baisses d'impôts s'autofinanceraient; le second, que les marchés financiers étaient capables de s'autoréguler.

La globalisation a masqué les failles de ce raisonnement durant plusieurs décennies. Les étrangers paraissaient toujours plus disposés à acquérir des dollars américains, ce qui permit au gouvernement des Etats-Unis de laisser courir les déficits tout en enregistrant une forte croissance. Le second article de foi de l'ère Reagan – la dérégulation financière – fut formulé par une alliance contre nature de reaganiens fanatiques et de firmes de Wall Street, et, dès les années 1990, était devenu parole d'Evangile, y compris chez les démocrates. Ses partisans arguaient du fait que les anciennes régulations étouffaient l'innovation et sapaient la compétitivité des institutions financières américaines. Ils avaient raison – à ceci près que la dérégulation a généré un flot de nouveaux produits innovants tels que les fameuses collaterized debt obligations (CDO) qui sont au cœur de la crise actuelle.

Le problème est que Wall Street est très différente de, disons, la Silicon Valley, où la faiblesse de la réglementation produit des effets authentiquement bénéfiques. Les institutions financières sont fondées sur la confiance, laquelle ne peut s'épanouir que si les gouvernements font en sorte qu'elles soient transparentes, et prudentes dans les risques qu'elles sont amenées à prendre avec l'argent des autres. Le secteur est également différent du fait que l'effondrement d'une institution financière cause du tort non seulement à ses actionnaires et à ses employés, mais également à un grand nombre de badauds innocents (c'est ce que les économistes appellent délicatement les "externalités négatives").

Les signes montrant que la révolution reaganienne avait amorcé une dérive dangereuse sont devenus évidents au cours de la dernière décennie. Une des premières alertes a été la crise financière asiatique de 1997-1998. Le deuxième signe inquiétant provenait des déficits structurels croissants des Etats-Unis. La Chine et un certain nombre d'autres pays commencèrent à acheter des dollars américains après 1997 dans le cadre d'une stratégie délibérée visant à sous-évaluer leur monnaie, maintenir leurs usines en activité et protéger leurs économies des soubresauts financiers.

Cela convenait parfaitement à l'Amérique post-11-Septembre; cela signifiait que nous pouvions tout à la fois baisser les impôts, alimenter une frénésie de consommation, financer deux guerres coûteuses et laisser filer le déficit fiscal. Le déficit commercial vertigineux et en accroissement constant que cette politique généra était de toute évidence insupportable à terme. La chute du dollar américain montre que nous avons atteint ce stade.

Même aux Etats-Unis, les inconvénients de la dérégulation étaient apparus clairement bien avant le naufrage de Wall Street. Durant toute la dernière décennie, les inégalités n'ont cessé de se creuser aux Etats-Unis car les bénéfices de la croissance ont profité avant tout aux plus riches et aux mieux éduqués, tandis que les revenus de la classe ouvrière stagnaient. Enfin, l'occupation gâchée de l'Irak et la réaction des autorités après l'ouragan Katrina ont mis à nu la faiblesse générale du secteur public. Tous ces éléments donnent à penser que l'ère Reagan aurait dû se terminer il y a des années.

L'autre composant essentiel de la marque américaine est la démocratie et la volonté des Etats-Unis de soutenir les autres démocraties à travers le monde. Cette veine idéaliste de la politique étrangère américaine a été une constante au cours du siècle écoulé.

Promouvoir la démocratie – à travers la diplomatie, l'aide aux groupes de la société civile, les médias libres et le reste – n'a jamais fait l'objet de controverse. Le problème à présent est qu'en utilisant la démocratie pour justifier la guerre en Irak, l'administration Bush a convaincu beaucoup de gens que le terme "démocratie" n'était qu'un mot codé recouvrant l'intervention militaire et le changement de régime.

GUANTANAMO ET LE DÉTENU ENCAGOULÉ D'ABOU-GHRAIB ONT REMPLACÉ LA STATUE DE LA LIBERTÉ EN TANT QUE SYMBOLES DE L'AMÉRIQUE

Le modèle américain a également été gravement terni par l'utilisation de la torture par l'administration Bush. Après le 11-Septembre, les Américains ont donné la triste image d'un peuple prêt à renoncer aux garanties constitutionnelles dans l'intérêt de la sécurité. Aux yeux de nombreux non-Américains, la prison de Guantanamo et le détenu encagoulé d'Abou-Ghraib ont depuis lors remplacé la statue de la Liberté en tant que symboles de l'Amérique.

Quel que soit le vainqueur de l'élection du 4 novembre, un nouveau cycle politique s'amorcera tant aux Etats-Unis que dans le reste du monde. Il est probable que les démocrates renforceront leur majorité au Sénat comme à la Chambre des représentants. Une puissante colère populiste bouillonne dans le pays à mesure que la débâcle de Wall Street gagne Main Street . Un nouveau consensus se fait jour sur la nécessité de rétablir la régulation dans de nombreux secteurs de l'économie.

Au plan mondial, les Etats-Unis n'occuperont plus la position hégémonique qui était la leur jusqu'à présent, une nouvelle donne qui a clairement émergé avec l'invasion de la Géorgie par la Russie le 7 août. La capacité des Etats-Unis à façonner l'économie globale sera diminuée, tout comme seront amputées nos ressources financières.

L'influence américaine peut et finira par être restaurée. Alors qu'il est probable que le monde dans son ensemble s'apprête à subir un ralentissement économique, il n'est pas du tout sûr que les modèles chinois et russe s'en sortent beaucoup mieux que le modèle américain. Les Etats-Unis se sont relevés des graves revers qu'ils ont subis dans les années 1930 et 1970 grâce à l'adaptabilité de leur système et à la résilience de leur peuple.

Reste qu'un nouveau rétablissement dépend de notre capacité à procéder à quelques changements fondamentaux. Tout d'abord, nous devons nous libérer de la camisole de l'ère Reagan concernant les impôts et la régulation. Les baisses d'impôts sont certes une idée séduisante mais elles ne stimulent pas nécessairement la croissance et ne s'autofinancent pas automatiquement; étant donné notre situation fiscale à long terme, il va falloir expliquer honnêtement aux Américains qu'ils devront financer eux-mêmes leur progression vers l'avenir. La dérégulation peut se révéler, comme nous l'avons vu, extrêmement coûteuse. L'ensemble du secteur public américain – sous-financé, déprofessionnalisé et démoralisé – a besoin d'être reconstruit.

Pendant que nous entreprendrons ces changements, nous devrons veiller au risque de vouloir trop en faire. Les institutions financières doivent être surveillées de près, mais il n'est pas sûr que les autres secteurs économiques doivent être soumis au même contrôle.

Le libre-échange demeure un puissant moteur pour la croissance économique, ainsi qu'un instrument de la diplomatie américaine. Nous devrions mieux aider les travailleurs à s'adapter aux conditions globales changeantes, plutôt que défendre leurs emplois existants. Si les baisses d'impôts ne sont pas une recette automatique pour la prospérité, les dépenses sociales inconsidérées ne le sont pas non plus. Le coût des renflouements d'entreprises ainsi que la faiblesse à long terme du dollar signifient que l'inflation constituera une grave menace dans l'avenir. Une politique fiscale irresponsable pourrait aisément aggraver ce problème.

Mais le changement le plus important auquel nous devons procéder se situe au niveau politique. La révolution reaganienne a brisé une domination libérale et démocrate de la vie politique américaine qui durait depuis un demi-siècle. Mais au fil des années, ces idées autrefois neuves se sont sclérosées en dogmes. La qualité du débat politique a été vulgarisée par des hommes partisans qui remettent en cause non seulement les idées, mais aussi les motivations de leurs adversaires.

Tout cela complique l'ajustement aujourd'hui nécessaire à la réalité nouvelle et difficile à laquelle nous sommes confrontés. Le test ultime pour le modèle américain sera donc sa capacité à se réinventer une fois de plus. Jouir d'une bonne image ne consiste pas, pour paraphraser une certaine candidate à la vice-présidence, à mettre du rouge à lèvres à un pitbull. Cela consiste avant tout à avoir le meilleur produit à vendre. La démocratie américaine a du pain sur la planche.

Francis Fukuyama est professeur d'économie politique internationale à la Johns-Hopkins School of Advanced International Studies

(Traduit de l'anglais par Gilles Berton pour le compte du quotidien Le Monde) Copyright 2008, "Newsweek", inc.

Pour lire l'intégralité du texte de Francis Fukuyama,
cliquez ici.