mardi 30 septembre 2008

Les États-Unis, ce pays que nous connaissons bien?

À priori, on a souvent tendance à penser, à tort, que les États-Unis se résument aux hamburgers, aux cowboys et aux évangélistes chrétiens; que puisque les Américains sont nos voisins et que nous sommes allés plus ou moins souvent à Plattsburgh ou à Ogunquit, nous sommes à même de saisir l'essence cette société. Pire encore, on a souvent tendance à prendre le pire demeuré vivant aux États-Unis et en faire un standard pour décrire l'ensemble de la population américaine. Bref, depuis les dernières années plusieurs iront même à penser que l'on peut résumer les États-Unis à ceci:





Cependant, à mon avis (et même si la blague est excellente), la réalité est beaucoup plus complexe et l'ensemble de ces énoncés ne tient pas compte de l'immense diversité - régionale, culturelle, sociale, politique, etc.- composant la société américaine.

À la veille du début des séries mondiales de baseball, Nike et la Major League Baseball (MLB) ont lancé une campagne de publicité fort intéressante qui rebaptise les États-Unis, The United Countries of Baseball, et qui propose un nouveau découpage territorial en fonction de l'allégeance de la population à l'une ou l'autre des équipes des ligues majeures de baseball. Le résultat est fort intéressant :





Au-delà des prétentions simplistes de cette publicité, c'est-à-dire de susciter l'intérêt de la population pour les séries mondiales de baseball, cette carte est l'exemple par excellence que les États-Unis sont loin d'être un pays monolithique où règne une pensée homogène. Et qu'au-delà d'une vision centrale, incarnée par celle du gouvernement américain, il existe une grande diversité quant à la culture des États, et par conséquent la société américaine en est une hétérogène et fragmentée autour d'une infinité d'enjeux et d'intérêts. Pour preuve, on recensait en 2006 aux États-Unis plus d'un million de groupes et d'associations de tout genre, ce qui, comme l'affirmait Tocqueville dans son célèbre ouvrage Démocratie en Amérique (1835), reflète la diversité des intérêts, des opinions et des passions de cette société.

C'est étonnant de voir à quel point le baseball peut faire réfléchir…

dimanche 28 septembre 2008

Obama is right: McCain was wrong!

Étant donné que selon moi le premier débat présidentiel entre John McCain et Barack Obama a été un élément d'actualité majeur de cette fin de semaine, autant par son implication dans la présente campagne que par le fait qu'il a permis aux candidats d'exposer la vision de la politique étrangère américaine qui prédominera durant les quatre prochaines années, continuons donc sur cette lancée. Ainsi, voici une courte vidéo que j'ai récemment dégottée sur You Tube. Cette dernière, réalisée pour le compte du Huffingtion Post, reprend un extrait d'une tirade cinglante formulée par Obama durant la question portant sur l'implication américaine en Irak, où celui-ci affirme que la vision qu'avait McCain du conflit en 2003 s'était avéré être complètement erronée, et la croise avec les extraits d'archives en question. Le résultat est très intéressant parce qu'il sert très bien les intérêts d'Obama et est une réplique directe aux personnes l'accusant de ne pas avoir suffisamment d'expérience pour occuper le poste de président des États-Unis. Il s'agit donc de l'exemple le plus éloquent qu'en certaines situations le bon jugement vaut mieux que l'expérience.


samedi 27 septembre 2008

Débat présidentiel : Obama vainqueur

Pour ceux qui comme moi sont impatients de voir comment l'impact du débat présidentiel d'hier se traduira dans les sondages en voici un aperçu à travers un vote populaire mené sur le site Internet du réseau de télévision américain MSNBC.

Bien qu'il ne s'agisse pas là d'un sondage scientifique, tout de même 767183 personnes s'étaient livrées à cet exercice et 51 % d'entre eux ont décidé de désigner Barack Obama comme vainqueur de ce premier débat, ce qui traduit une tendance lourde en sa faveur. Ainsi, on peut penser hors de tous doutes raisonnables que ce dernier confirmera son avance sur son adversaire dans les prochains sondages.

vendredi 26 septembre 2008

Impressions du premier débat présidentiel




Ça y est le premier débat présidentiel entre John McCain et Barack Obama, se déroulant à l'université du Missippi, et portant sur la politique étrangère américaine vient tout juste de se clore.

Verdict : Match nul avantage Obama.

Pourquoi nul avantage Obama, selon moi? Parce que les deux hommes se sont contentés de remettre sur la table l'ensemble des propositions qu'ils avaient déjà énoncées à maintes reprises. Cependant, Obama a su mieux tiré son épingle du jeu lors de la première partie " improvisée " du débat portant sur la situation économique actuelle des États-Unis, où il n'a pas manqué de martelé que cette crise est le résultat de la mauvaise gestion économique menée par l'administration Bush que John McCain a soutenu 90 % du temps lors des votes au Sénat, et qu'il a d'autre part maintenu ses acquis lors du reste du débat portant sur la question de politique étrangère. Alors que John McCain a su seulement maintenir ses acquis tout le long du débat, ce qui ne lui a pas donné l'occasion de se démarquer de quelque façon que ce soit. Selon moi, la prédominance de Barack Obama lors de la partie traitant d'économie va certes contribuer à assoir l'opinion favorable qu'on de lui les Américains sur cette question. Pour le reste, il a réussi à relever avec brio le défi que représentait ce débat pour lui, compte tenu du fait qu'il est peut-être moins solide que son adversaire sur la question de la politique étrangère, ce qui laisse donc bien présager pour les débats suivants - portant sur l'économie et la politique intérieure, deux sujets sur lesquels Obama est très à l'aise.

Étrangement, McCain a été loin d'en imposer sur la question économique, lui qui a suspendu momentanément sa campagne plus tôt cette semaine pour retourner à Washington où il disait vouloir participer aux négociations bipartites sur le plan proposé par le président Bush pour remettre l'économie sur les railles. Était-ce donc pure stratégie électoraliste ou bien dévouement étatique?


Pour ceux n'ayant pas pu regarder ce débat en voici la transcription française effectuée par Radio-Canada



Question 1: Quelle est votre position sur la situation économique?


Obama: Revient sur les propositions qu'il a mises de l'avant afin de protéger les contribuables dans le cadre des négociations en cours: la surveillance des institutions, la possibilité pour les investisseurs de récupérer leurs billes; ne pas renflouer les comptes de banque des présidents-directeurs généraux d'entreprises touchées et aider les propriétaires de maison. La crise, dit-il, a été créée par le gouvernement Bush, et McCain l'a soutenu, dit-il. La santé de l'économie, dit-il, se mesure par la façon dont les gens ordinaires s'en sortent.

McCain: Met l'emphase sur l'effort bipartisan en cours à Washington. Il importe que les gens soient imputables, qu'il y ait de la surveillance des marchés. Le gouvernement, dit-il, doit procéder par des prêts plutôt que de prendre les actifs contaminés en charge. Crise fiscale la plus importante depuis fort longtemps. Nous avons beaucoup de travail à faire, dit-il, nous devons créer des emplois et cesser notre dépendance sur le pétrole étranger.

Débat: Obama dit qu'il est optimiste pour la conclusion d'une entente. Il revient rapidement sur les causes de la crise. Le gouvernement, dit-il, doit intervenir, mais nous devons nous interroger sur la dérèglementation qui a précédé la crise et sur la philosophie économique qui la justifie. McCain rappelle pour sa part qu'il a demandé la démission du président de la Commission des valeurs mobilières: les gens, dit-il doivent être imputables. Actuellement, on récompense l'avarice, dit-il. « Si je suis président, je promets que les gens seront imputables », dit-il.Obama contre-attaque en se disant en désaccord avec la déclaration de John McCain selon laquelle les bases de l'économie sont solides. Il dit s'inquiéter pour les infirmières, les professeurs, les policiers, etc, qui doivent s'endetter pour payer leur maison. Il faut se préoccuper d'eux, dit-il.McCain réitère qu'il y a eu des accès sur Wall Street et ajoute qu'il fait confiance aux travailleurs américains. « Je crois que nos meilleurs jours sont devant nous », dit-il.



Question 2: Quelles sont les différences fondamentales entre vos deux visions sur l'économie?

McCain: Établir un meilleur contrôle des dépenses à Washington et réduire la taille du gouvernement. Il a assuré que toutes les décisions financières qui passeront par son bureau seraient soumises à son veto. Il a accusé le candidat démocrate de promouvoir des dépenses inutiles et de vouloir gaspiller des fonds publics.

Obama: A accusé le sénateur de l'Arizona de promouvoir des baisses d'impôts qui, grâce aux échappatoires, ne profiteront qu'aux riches et aux grandes entreprises. Il propose, à l'opposé, des baisses d'impôts qui, selon lui, profiteront à 95 % de la population.

Débat: John McCain a proposé d'établir un système de crédit d'impôt qui se traduirait par un montant d'argent aux citoyens, ce qui leur permettrait de choisir eux-mêmes une assurance-maladie, d'opter pour un système universel. Barack Obama a rétorqué que sous le système de taxation proposé par John McCain, les compagnies pétrolières profiteraient de réductions d'impôt de 4 milliards de dollars.


Question 3: Que devrons-nous abandonner comme priorités en raison du plan de sauvetage?

Obama: Des choses devront être repoussées. On ne sait pas ce que sera le budget l'an prochain. Ce qui importe, c'est d'établir notre indépendance énergétique, investir dans les sources d'énergie alternatives, avoir des écoles concurrentielles et s'assurer de l'accessibilité aux études supérieures. Aussi, nos infrastructures doivent être revampées. Cela nous permettra d'être concurrentiels dans une économie mondialisée.

McCain: Nous devons réduire les dépenses. Le gouvernement est hors de contrôle. Le sénateur Obama, dit-il, est trop à gauche. Je veux abolir les subventions pour fabriquer de l'essence à l'éthanol. Nos dépenses militaires sont hors de contrôle. Nous devons avoir des contrats à coûts fixes. « Je sais comment le faire », dit-il en parlant d'un contrat entre Boeing et le département de la Défense dont il dit avoir forcé la renégociation.

Débat: Obama soutient qu'il importe d'investir dans l'énergie, mais admet qu'il y a peut-être certains éléments de son plan qui devront être abandonnés. Il attaque McCain sur les crédits d'impôt qu'il a accordés aux entreprises et s'en prend au rôle des lobbyistes. « Nous devrons changer la culture » prédominante à Washington. Il parle de son projet baptisé Google for governement, qui doit dresser une liste de tous les organismes qui reçoivent de l'argent public. McCain soutient pour sa part qu'il veut geler les dépenses du gouvernement, à l'exception de certains programmes, comme ceux pour les vétérans, et pour la défense nationale.Obama dit qu'il y a des programmes sous-financés, alors que d'autres postes de dépenses, comme la guerre en Irak, grèvent le budget du pays, alors même que le gouvernement irakien a beaucoup d'argent dans ses coffres.McCain soutient qu'il importe de faire l'exploration au large des côtes américaines. Il attaque Obama en disant qu'il est contre l'énergie nucléaire. McCain souligne son appui à la construction de centrales nucléaires, notamment pour lutter contre le réchauffement climatique. Relancé par Lehrer, Obama admet que le gouvernement doit s'attendre à avoir moins de revenus. Pour prendre de décisions difficiles, dit-il, il faut savoir pour qui l'on se bat, pour quelles priorités.McCain dit que le gouvernement ne doit pas s'immiscer dans la santé, comme le veut le sénateur Obama. « Une économie en santé est la meilleure recette pour que notre économie récupère ». Ce sont les dépenses hors de contrôle qui nous ont amenées là où nous sommes. « Je me suis toujours battu contre les dépenses inutiles », dit-il.Obama conclut en disant que la hausse des dépenses est le résultat des politiques du président Bush et que McCain a voté en faveur dans 95 % des cas. McCain rétorque que c'est faux.


Question 4: Quelles leçons tirer de l'Irak?

McCain: On ne peut se permettre d'avoir une stratégie qui risque de vous faire perdre la guerre. Il a argué qu'à la suite de pressions qu'il a faites, les États-Unis sont sur le point de revendiquer la victoire. « Nous gagnons en Irak et nous rentrerons avec dignité », a-t-il déclaré.

Obama: Selon lui, il n'aurait jamais fallu envahir l'Irak en premier lieu. Il a rappelé qu'il y a six ans, il s'était opposé à l'invasion de l'Irak, même si c'était très impopulaire à l'époque. Il a rappelé que plus de 600 milliards de dollars avaient été dépensés, que plus de 4000 militaires avaient été tués et que la guerre en Irak était une distraction du conflit en Afghanistan et de la traque des membres du réseau Al-Qaïda.

Débat: John McCain a déclaré que la question n'était pas de savoir s'il aurait fallu ou non envahir l'Irak, mais plutôt de savoir comment en sortir de façon victorieuse. Il a reproché à son adversaire de n'être jamais allé en Irak, contrairement à lui. Obama a reconnu le travail fait par les troupes américaines en Irak, mais a accusé McCain d'avoir erré, en 2003, en assurant que la victoire serait facile, que des armes de destruction massives seraient découvertes et que les militaires américains seraient accueillis en libérateurs.


Question 5: Faut-il envoyer plus de troupes en Afghanistan, et si oui, quand?

Obama: Oui, il le faut, et le plus vite possible. C'est ce que constate l'armée sur le terrain. Al-Qaida et les talibans se sont renforcés et nous attaquent en franchissant la frontière (pakistanaise). Il nous faut deux brigades de plus. Nous avons quatre fois plus de troupes en Irak qu'en Afghanistan et c'est une « erreur stratégique ». Le gouvernement Karzaï doit être imputable, il faut lutter contre culture du pavot doit cesser et nous devons nous intéresser au Pakistan, qui n'a pas fait ce qu'il devait faire en combattant les extrémistes et tant que ce ne sera pas fait, nous ne serons pas en sécurité.

McCain: Se montre contrit du désintérêt américain pour l'Afghanistan après le départ des Soviétiques. Il dit ne pas être prêt à couper l'aide au Pakistan. Il attaque Obama pour avoir dit qu'il est prêt à frapper au Pakistan. « Il faut travailler avec le gouvernement pakistanais », dit-il. En Afghanistan, nous devons utiliser la même stratégie qu'en Irak, en envoyant plus de troupes. Nous devons gagner l'appui des gens. Ce sera difficile. Il se dit confiant, surtout avec le général Petraeus qui est maintenant responsable.

Débat: Obama dit qu'il ne veut pas attaquer le Pakistan, mais soutient que si Oussama Ben Laden est dans la mire des États-Unis, « nous devons y aller » . « C'est la bonne stratégie », dit-il. Le problème avec notre stratégie des dernières années, ajoute-t-il, c'est que nous avons soutenu un gouvernement non démocratique. Ce faisant, les États-Unis ont perdu de la légitimité et ont dépensé de l'argent sans que le gouvernement pakistanais ne s'attaque réellement aux islamistes radicaux.McCain reprend la balle au bond en disant qu'Obama que le Pakistan vacillait quand Moucharraf est arrivé. Il se lance dans une énumération de ce qu'il a appuyé au fil des années: la guerre du Golfe, l'opération militaire en Bosnie, l'intervention au Kosovo. Il dit comprendre le fardeau d'une défaite pour l'armée (en faisant référence au Vietnam). « Nous allons gagner cette guerre », dit-il.Les deux candidats ont ensuite raconté des histoires de mères éplorées qu'ils ont rencontrées. McCain raconte s'être fait dire qu'il ne faut pas que les soldats soient morts pour rien; Obama s'est fait dire qu'il ne fallait pas que la situation se reproduise. Obama insiste sur le fait que les États-Unis ont détourné leur attention de l'Afghanistan. McCain conclut en disant que le retrait d'Irak que préconise Obama aura un effet calamiteux pour l'intérêt national des États-Unis.


Question 6: Quelle est la menace de l'Iran pour les États-Unis?

McCain: Il s'est dit convaincu que les Iraniens cherchaient à acquérir l'arme nucléaire. Si l'Iran acquiert l'arme nucléaire, c'est Israël et tout le Moyen-Orient qui est menacé, selon lui. Il a dénoncé les pays comme la Russie et la Chine, qui font du commerce avec l'Iran. Il a proposé un front commun des démocraties qui accentueraient la pression sur le régime de Mahmoud Ahmadinejad.

Obama: À son avis, la guerre en Irak a renforcé l'Iran, qui maintenant finance des organisations terroristes et a acquis de nouvelles centrifugeuses. Il a reconnu que l'arme nucléaire constituait une menace. Toutefois, selon lui, la manière forte n'a jamais fonctionné, et c'est par la voie d'une diplomatie rigoureuse que le contentieux avec l'Iran serait réglé.


Débat: McCain a reproché à Obama d'être prêt à rencontrer, sans condition, des dirigeants comme Mahmoud Ahmadinejad (Iran) Hugo Chavez (Venezuela) et Raul Castro (Cuba). Obama a rétorqué en disant qu'Henry Kissinger, un conseiller de McCain, a lui-même proposé la tenue de telles rencontres. Un débat rhétorique s'en est ensuivi sur la question d'une rencontre « sans condition ». Selon McCain, Obama joue un jeu dangereux en proposant de telles rencontres. Obama a précisé que « sans condition » ne voulait pas dire sans préparation, mais plutôt sans que les États-Unis soient les seuls à dicter les règles du jeu.


Question 7: La Russie: compétiteur, ennemi ou partenaire?


Obama: Notre approche doit être réévaluée, en raison des récentes actions de la Russie. La présence des Russes en Géorgie est inacceptable, dit-il. Ils doivent se retirer d'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Il faut expliquer aux Russes, « qu'ils ne peuvent être une superpuissance du 21e siècle en se conduisant comme une dictature du 20e siècle ». Nous ne pouvons toutefois revenir à l'époque de la Guerre froide, parce que nous avons des intérêts communs. Les missiles nucléaires de la Russie, par exemple, pourraient tomber dans les mains d'Al-Qaïda. Néanmoins, le comportement appelle une réponse ferme.


McCain: La réponse d'Obama à l'invasion russe en Géorgie - un appel aux deux parties à faire preuve de retenue - est un autre exemple de la naïvité du sénateur Obama. Il ne comprenait pas que la Russie avait agressé la Géorgie, dit-il. La Russie, affirme-t-il, est un « gouvernement d'apparatchiks du KGB. J'ai regardé dans les yeux de Poutine, et j'ai vu les lettres K-G-B ». Aussi, nous devons renforcer nos alliés. McCain explique que c'est un conflit qui porte sur le pipeline qui transporte le pétrole de la mer Caspienne. Il précise qu'il soutient l'inclusion de la Géorgie et de l'Ukraine dans l'OTAN. Il affirme que la Russie viole les termes de l'entente de cessez-le-feu. Les Russes, selon lui, n'attendaient qu'une occasion pour envahir la Géorgie. Ajoute qu'il faut maintenant surveiller ce qui se passera en Ukraine, où une vase de la marine russe se trouve, à Sébastopol. Le bras de fer entre les deux dirigeants ukrainiens devra être surveillé de près.

Débat: Obama se défend d'avoir répondu mollement lorsque la Russie a envahi la Géorgie. « Nous devons faire preuve de vision et anticiper les problèmes », dit-il. Le sénateur de l'Illinois dit avoir plaidé auprès du gouvernement Bush que les soldats russes en sol géorgien devaient être remplacés par des troupes d'autres pays. Obama souligne que [l'ex-président et maintenant premier ministre] Vladimir Poutine se sent fort en raison des pétrodollars, dit-il, avant de faire dévier le débat en soulignant que les États-Unis consomment 25 % du pétrole mondial. Nous devons nous tourner vers des sources d'énergie renouvelable. McCain poursuit dans la même veine et réitère l'importance de faire de l'exploration au large des côtes. Obama précise que contrairement à ce que dit son adversaire, il n'est pas contre le nucléaire, mais se soucie des problèmes de sécurité que cela entraîne.


Question 8: Risquons une autre attaque semblable à celle du 11 septembre 2001?

McCain: A déclaré que les États-Unis sont beaucoup plus sûrs qu'au lendemain des attentats du 11 septembre. Il en attribue en partie le mérite à une commission qu'il a menée en compagnie du sénateur Joe Liberman. Il a toutefois reconnu qu'il restait du travail à faire

Obama: Selon lui aussi, les États-Unis sont plus sûrs, mais il reste du chemin à faire. Les sites où sont entreposés des produits chimiques et le secteur des transports, entre autres, doivent jouir d'une meilleure protection. Selon lui, la plus grande menace ne vient pas d'un missile d'une nation ennemie, mais du fait que des groupes terroristes pourraient mettre la main sur une arme nucléaire. Il a encore une fois rappelé que l'Irak avait été une distraction dans la traque aux terroristes.

Débat: Selon John McCain, si les États-Unis perdent la guerre en Irak, cela signifiera la victoire d'Al-Qaïda et des autres groupes terroristes. Pour Barack Obama, les États-Unis doivent restaurer leur image dans le monde avant de penser à attaquer une autre nation.

jeudi 25 septembre 2008

Moi je parles le bilingue couramment Méo!!!

Jusqu'à présent je pensais que seul Elvis Gratton pouvait parler "le bilingue couramment ", mais non je m'étais trompé... Justin Trudeau (fils de l'ancien premier ministre Pierre Elliot Trudeau et candidat libéral dans la circonscription de Papineau) y arrive aussi.

Il s'agit d'un vidéo-clip tellement surréaliste qu'il faut absolument jouer à «Quel vidéo est une parodie? ».

Indice : Ne vous fiez pas aux apparences...

A)



B)






Réponse: pour ceux qui n'auraient pas encore deviné la réponse est B... euh... A... euh... je ne sais plus....

Sarah Palin en entrevue à CBS

Voici l'entrevue que Sarah Palin, candidate républicaine à la vice-présidence (il est important de le préciser), a accordée à la journaliste de CBS Katie Couric. Lors de cet entretien portant sur les problèmes économiques auxquels les États-Unis sont présentement confrontés, on peut voir une femme étant tout sauf en plein contrôle de ces moyens, alignant des phrases sans même comprendre leur signification profonde.

Au regard de cette entrevue, il appert que cette femme est inapte à occuper le poste pour lequel elle fait campagne, puisqu'elle n'est même pas en mesure de se prononcer sur des questions politiques de base formulées par une journaliste très posée et diplomate, ce qui laisse bien présager à quoi l'on devra s'attendre lorsqu'elle sera confrontée à des adversaires de toute nature. Pas étonnant qu'elle a jusqu'à maintenant été si protégée de la Presse... Comme quoi il est préférable de se taire et passer pour un con que d'ouvrir la bouche et le prouver!

mercredi 24 septembre 2008

Caricature: Jeunes contrevenants

Voici comment Hervé Philippe perçoit le durcissement de la loi sur les Jeunes contrevenants proposé par les conservateurs...


Paul McCartney à Tel-Aviv : Prise deux




C'est demain soir que l'ex-Beatles Paul McCartney donnera l’un des très rares concerts à son agenda cette année. Après Québec cet été, c'est à Tel-Aviv qu'il a choisi de s'exhiber.

Fait intéressant et pitoyable à la fois : en 1965, les Beatles n'avaient pu donner leur concert en Israël puisque les autorités leur formulaient les mêmes accusations qu'on avait faits à Socrate il y a de cela plus de 2400 ans, c'est-à-dire de corrompre la jeunesse. Comme quoi plus ça change plus, c'est pareil...

La Harpermanie?


Suis-je le seul à ne pas comprendre l'engouement que suscite le parti conservateur de Stephen Harper? Malgré que l'ensemble des mesures, des engagements et des déclarations proposés et formulés par ce parti, ou l'un de ses représentants semble semer la controverse au sein de l'opinion publique, le PCC continue toujours à dominer dans tous les sondages. Certes, cela peut entre autres s'expliquer par le fait que le parti de M. Harper occupe à lui seul toute la droite de l'échecquier politique, mais cela à mon avis n'explique pas tout. En effet, si cela en est pour beaucoup - si l'on se fit aux derniers sondages qui révèlent la fragmentation marquée du vote de gauche - j'ai bien du mal à croire que la droite canadienne représente 37 % de la population en âge de voter, compte tenu de la tradition centriste du pays.

Ma théorie personnelle sur le sujet, si je peux me le permettre : une pure question de méconnaissance, de perte d'indignation et d'image.

Je suis convaincu que l'électeur moyen, si l'on prend le temps de disséquer avec lui chacune des propositions conservatrices, ne sera pas d'accord avec la grande majorité d'entre elles, mais qu'en dépit de cela il réaffirmera son intention de voter en faveur d'Harper. Pourquoi? Parce que d'une part le programme électoral des conservateurs est situé juste à la limite entre ce que l'on définit aujourd'hui comme l'acceptable et l'inacceptable, mais qu'en dépit de cela et compte tenu de la prédominance de l'information catastrophe dans nos sociétés, les gens ont perdu la capacité qu'ils avaient de s'indigner ou du moins ont développé un seuil de tolérance plus élevé face à « l'indignable ». D'autre part, M. Harper semble être, aux yeux de l'électorat, celui qui est le plus solide parmi les chefs des différents partis politiques canadiens, ce qui peut sembler réconfortant pour plusieurs en période d'incertitude économique, sociale et politique.

En terminant, et sans avoir de prétentions alarmistes, doit-on rappeler que les plus grands tyrans de l'histoire politique moderne ont été élus en promettant la sécurité et la stabilité en période de crise? Alors, dans cette perspective j'inviterais mes compatriotes à ne pas prendre à la légère le poids de leur vote dans cette élection et à mettre en perspective les raisons fondamentales pour lesquelles ils donnent leur appui à l'un ou l'autre des partis.

mardi 23 septembre 2008

Caricature: Canadiens/Sabres à Roberval

En attendant le début du hockey, voici une caricature du très talentueux Ygreck!



Culture en péril: la version longue

Après la version courte, voici la longue... Et elle est vraiment très drôle!

Slacker uprising: la contribution de Michael Moore aux élections présidentielles de 2008



Après nous avoir entre autres offert Bowling for Columbine, Fahrenheit 9/11 et Sicko, le célèbre documentariste Michael Moore récidive cette fois-ci en nous offrant le film Slacker Uprising, qui se veut être sa contribution à la campagne électorale de Barack Obama. Slacker uprising relate la tournée qu'a effectuée Michael Moore auprès de 16 000 jeunes dans 62 villes américaines au cours des élections présidentielles de 2004. Le but de la tournée consistait à convaincre les jeunes américains d'aller voter pour exprimer leur mécontentement face à l'administration Bush. Fait intéressant, ce documentaire est offert gratuitement en ligne à partir d'aujourd'hui, et ce, pour une durée de 3 semaines.

Je n'ai malheureusement pas eu encore le temps de le visionner, mais ça ne saurait tarder puisque je suis un adepte de Moore. Je vous invite à en faire autant, ne serait-ce que pour prendre le pouls de l'opinion de ce réalisateur hors norme, tenant des propos intelligents bien souvent occultés par l'opinion publique américaine.

lundi 22 septembre 2008

Une autre campagne de salissage de la part des conservateurs



On dirait qu'il ne s'écoule pas un seul jour dans cette campagne électorale sans que les conservateurs de Stephen Harper ne se sentent obligés d'avoir recours à des publicités négatives.

Leur dernière trouvaille en la matière; une attaque acerbe contre le Bloc, dénonçant son impuissance à Ottawa. Et qui de mieux pour critiquer la légimité de représentants élus qu'un ministre non-élu, en la personne de "l'honorable " Michael M. Fortier?

Donc, comme nous le rapportait La Presse dans son édition du 22 septembre 2008 , dans le cadre du lancement de cette campagne intitulée les coûts du Bloc, dont le slogan est 18 ans du Bloc à Ottawa+0 résultat= 350 millions, Michael Fortier y est allé en affirmant que :

« Les Québécois n’ont pas eu grand-chose pour leur argent et le Bloc doit aujourd’hui rendre des comptes, a lancé le conservateur Michael Fortier en matinée. Les Québécois ont dépensé 350 millions pour faire élire 166 députés et le retour sur leur investissement est nul.» Poursuivant dans cette logique, ce dernier a par la suite affirmé que « Plus il y aura de bloquistes [à Ottawa]plus la facture va augmenter et plus le rendement restera nul.»


Wow! Quelle réflexion digne d'un homme des cavernes! Je m'explique. D'abord, il faut comprendre que l'idée derrière cette campagne publicitaire n'a rien de nouveau, il s'agit d'une adaptation de l'adage politique bas de gamme du "Voter du bon bord", que l'on a tout simplement sorti des boulle à mites et remis à la sauce du jour! Alors, les conservateurs n'inventent là rien de neuf. Ensuite, il faut s'interroger sur le sens profond de ce raisonnement facile, à savoir qu'il est préférable de voter pour le parti ayant une chance de former le gouvernement que pour celui ne pouvant que former l'opposition. Or, si l'on pousse à l'extrême la réflexion des adeptes de cette position, dans ce cas-ci les conservateurs, cela revient à remettre en question le bien-fondé de la démocratie, étant donné que l'opposition et la pluralité des opinions sont des variables essentielles de tous régimes politiques se réclamant d'elle, à défaut de quoi ce système portera le nom de dictature ou de tyrannie. J'exagère, bien sûr! Je suis convaincu que M. Harper et son gouvernement n'ont pas de prétentions dictatoriales ou hégémonistes. Toutefois, lorsqu'on croise la teneure du message véhiculé par cette campagne de publicité — révélée par l'analyse faite précédemment — à d'autres situations ayant mis ce gouvernement dans l'embarras et qu'on additionne le tout au style de gouvernance rigide auquel ce gouvernement nous a habitués, il y a de bonnes raisons de penser que la pluralité des opinions est loin d'être un ce qui d'être un sujet cher aux conservateurs de M. Harper. À ce chapitre, on note, à titre d’exemple l'épisode entourant le controversé projet de loi C-10 et la tentative, rapportée par le quotidien The Globe and Mail, de politisation de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Vancouver, où les conservateurs, dans ces deux situations, ont cherchés à transposer et à imposer à toute la population canadienne leur définition d'ordre public et leurs valeurs. Tout ceci s'avère être très inquiétant pour la suite des choses, surtout lorsque l'on sait qu'on se dirige vers l'élection majoritaire de ce parti politique...

vendredi 19 septembre 2008

Culture en péril: Riposte des artistes contre les compressions en culture

C'est sur Internet que des artistes québécois ont choisi d'exprimer leur mécontentement envers les compressions du gouvernement conservateur de Stephen Harper dans certains programmes culturels.

Dans une vidéo envoyée sur le site YouTube, ces artistes dénoncent vigoureusement le fossé qui semble séparer les artistes francophones des décideurs anglophones.

Caricature: Sarah Palin en session d'étude intensive

On dit qu'une image vaut mille mots...

Élection présidentielle américaine



La campagne présidentielle américaine cuvée 2008, qui connaîtra son dénouement le 4 novembre prochain, a été depuis le début haut en couleur. On aura entre autres assisté à la victoire d'un candidat démocrate à laquelle on ne s'attendait pas et à la nomination d'une colistière républicaine dont les connaissances et l'expérience ne font aucunement l'unanimité. Outre cela, cette élection mérite que l'on s'y attarde puisque d'une certaine façon son résultat aura une incidence directe sur la vie de millions de non-Américains compte tenu du fait que la direction de la politique intérieure et étrangère des États-Unis influence la donne au niveau mondial. Ainsi, nous vous proposons de s'attarder à ce sujet l'instant de deux textes — qui, nous l'espérons, vous donneront le goût d'en apprendre davantage sur le sujet — traitant respectivement du principal défi incombant à Barack Obama en matière de politique étrangère s'il est élu président, et de l’explication du phénomène Sarah Palin.


La Presse
Forum, mercredi, 27 août 2008, p. A27

À la recherche d'une vision:
Obama doit trouver un rôle pour Washington dans le monde

Coulon, Jocelyn

En choisissant le sénateur Joe Biden comme colistier et caution d'une certaine expertise en politique étrangère, Barack Obama donne de la crédibilité à sa candidature. Il lui reste à articuler une vision du rôle des États-Unis dans le monde.

Barack Obama est bien entouré. Quelque 300 experts, répartis en 20 équipes dont chacune est spécialisée sur une région du monde ou une question, fournissent quotidiennement conseils, idées et courtes réponses à un candidat dont la politique étrangère est censée être le point faible. Cette richesse en personnes et en idées est un atout considérable pour le parti démocrate devant un Parti républicain anémique et essentiellement collé à l'héritage désastreux de l'administration Bush. Mais cette richesse n'est pas le signe d'une vision globale du rôle des États-Unis dans le monde. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire les opinions exprimées par certains de ces experts dans les grandes revues de politique internationale, dont les numéros de septembre/octobre viennent d'être publiés il y a quelques jours à peine.

Avant de les lire, il faut d'abord prendre connaissance d'un texte publié dans The American Interest, par Ernest May et Philip Zelikov. Les deux auteurs prennent de l'altitude et refusent d'endosser l'un ou l'autre candidat. Ils soulèvent une question fort intéressante: depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis n'offrent au monde qu'un "mélange ahurissant et déconcertant d'idées et de propositions". Selon eux, le temps de la politique avec un grand P semble terminé. Fini, les doctrines comme "l'empire de la liberté", "la doctrine Monroe", ou "l'endiguement" qui caractérisaient les attitudes et les politiques américaines sur la scène internationale depuis deux siècles. Ces doctrines, écrivent les auteurs, ont été des réussites, car elles ont passé le double test de l'appui populaire et de l'efficacité. Depuis 1990, ni le "nouvel ordre mondial", ni la "guerre au terrorisme" n'ont réussi ce test.

Si l'Amérique veut refaire sa réputation et retrouver un rôle à sa mesure sur la scène internationale, il lui faut une grande idée, un grand défi susceptible de mobiliser la formidable énergie de son peuple et la puissance de ses ressources. Les deux auteurs proposent "un monde ouvert et civilisé", une politique essentiellement fondée sur le respect des autres, afin de faire face à ce qu'ils considèrent comme la première des menaces, la tension croissante entre globalisation et préservation des communautés.

Une telle idée a-t-elle des chances d'être adoptée par l'un ou l'autre camp? Les auteurs l'espèrent, mais on peut en douter. Elle a ses imperfections et pourrait être perçue à l'étranger comme une nouvelle incarnation de l'impérialisme américain.

La perle rare

En attendant de trouver la perle rare, les propositions avancées par tous ces conseillers-ambassadeurs-secrétaires-d'État-et-à-la-Défense en devenir nous ramènent rapidement sur le plancher des vaches de la politique partisane et de la gestion au quotidien. Cela est nécessaire, bien entendu, mais loin de la politique avec un grand P.

Dans Foreign Affairs comme dans The American Interest, les idées exprimées dans le camp démocrate sont intéressantes, souvent généreuses, mais il ne faut pas s'attendre à des analyses originales, à une vision globale. Le ton est donné par Richard Holbrooke, l'éternel candidat au poste de secrétaire d'État démocrate depuis la campagne de John Kerry. Le prochain président, écrit-il, "aura devant lui une tâche colossale" et "héritera dès le premier jour au pouvoir d'un ensemble de problèmes internationaux plus épineux que tout ce qu'ont eu à régler ses prédécesseurs depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale". Il appelle à la définition d'un "vaste concept global et déterminant de ce que seront les intérêts nationaux des États-Unis", mais il est incapable d'en articuler la structure dans son texte. Même son de cloche chez le démocrate Lee Hamilton, dans The American Interest. Obama "sera confronté à une somme écrasante d'affaires à conclure qui exigeront toutes son attention immédiate", écrit-il, tout en proposant sa liste d'épicerie.

Bref, pour reprendre l'argumentaire de May et Zelikov, avec Barack Obama, comme avec John McCain d'ailleurs, les Américains et le monde auront encore droit à "un mélange ahurissant et déconcertant d'idées et de propositions". Sans plus.

L'auteur est directeur du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix, affilié au CERIUM de l'Université de Montréal (j.coulon@cerium.ca).



La Presse
Forum, jeudi, 18 septembre 2008, p. A27

Cherchez le "Beehive":
Même élue gouverneure, Sarah Palin a continué de fréquenter son petit salon de coiffure de Wasilla, montrant ainsi son côté authentique


Dreher, Rod

Comment expliquer le phénomène Sarah Palin? Oubliez les pontes, les sondages et les grandes questions. Cherchez plutôt du côté du Beehive.

Le Beehive est le salon dans la minuscule ville de Wasilla où Mme Palin se fait coiffer depuis six ans. Après être devenue gouverneure de l'Alaska, Mme Palin a continué à fréquenter le Beehive pour se faire coiffer plutôt que de transférer sa loyauté à un salon plus huppé dans la grande ville. Selon le New York Times, les femmes qui fréquentent le Beehive forment une communauté tricotée serré qui partage triomphes et chagrins et qui est devenue une véritable sororité de "magnolias d'acier", nom que l'on donne à certaines femmes du sud des États-Unis.

Chaque petite ville américaine a son Beehive. Ma soeur Ruthie, qui enseigne dans une petite ville de la Louisiane, se fait coiffer dans la version locale du Beehive. Ruthie adore la gouverneure de l'Alaska, bien que Mme Palin n'ait guère impressionné en répondant à des questions de politique. "Je ne m'attends pas à ce qu'elle sache tout, m'a expliqué Ruthie. Tout ce que je veux savoir, c'est si elle a de bonnes valeurs et si elle est assez brillante pour s'entourer des bonnes personnes pour la conseiller."

Et il s'avère que c'est précisément comme ça que votent la plupart des Américains, du moins selon Doug Sosnik, Matthew Dowd et Ron Fournier, auteurs de l'ouvrage Applebee's America, paru en 2006. Sosnik et Dowd sont de grands stratèges politiques des partis (respectivement) démocrate et républicain, tandis que Fournier est un reporter politique de grande expérience. D'après eux, les politiciens qui ont le plus de succès aujourd'hui aux États-Unis sont ceux qui, dans l'esprit des électeurs, partagent leurs valeurs. Parfaits ou francs?

"Le succès sera au rendez-vous pour tout leader qui répond au désir du public de communauté et d'authenticité", écrivent-ils. Pourquoi l'authenticité? Parce que les gens en ont assez des politiciens qui renient leurs promesses. Les Américains ne souhaitent pas des politiciens parfaits; ils veulent des politiciens qui soient francs.

C'est ce que des millions d'Américains voient en Sarah Palin, une véritable négligée. Le charismatique Barack Obama inspire la même sorte de confiance et de passion chez des millions d'autres électeurs. Mais il est une figure cosmopolite animée d'un élan sans pareil; par contraste, Mme Palin accomplit l'exploit presque impossible d'être à la fois "campagnarde" et cool.

Il est difficile d'exagérer la portée des attaques de blogueurs libéraux et de certains commentateurs dans les médias, lancées initialement contre Mme Palin, qui l'ont traitée de vulgaire péquenaude. Aux États-Unis, nous menons la lutte des classes non pas sur le champ de bataille économique, mais plutôt dans l'arène culturelle. Lorsque des universitaires féministes ont accusé Mme Palin d'être une femme artificielle à cause de ses valeurs inspirées par la culture des petites villes, leur élitisme condescendant a perçu correctement la nature de la candidate comme une insulte à leur propre identité et dignité.

Alors, voter en faveur de Mme Palin devient une manière populiste pour les gens qui vivent dans les communautés du centre et du sud des États-Unis méprisés par les élites des métropoles côtières de montrer leur derrière aux personnes cultivées qui méprisent la normalité.

Est-ce la bonne façon de choisir le président des États-Unis? Bien sûr que non. Mais c'est comme ça que nous faisons les choses ici. Au sein de la démocratie américaine, les gens n'ont jamais voté en se fondant sur le curriculum vitae d'un candidat. Après avoir prononcé l'un de ses brillants discours de campagne dans les années 50, l'intellectuel démocrate Adlai Stevenson s'est fait dire qu'il avait le soutien "de tout ce qui pense aux États-Unis". "C'est insuffisant, a répondu Stevenson. Il me faut une majorité."

L'auteur est éditorialiste au Dallas Morning News.